Les messes traditionnelles bientôt interdites en paroisse à Détroit

 

Traditionis custodes a encore fait des victimes. Les paroisses de Détroit où la messe traditionnelle est régulièrement célébrée – j’en dénombre au moins neuf annonçant clairement des messes « traditionnelles », « tridentines » ou « extraordinaires » d’après le site d’horaires référencé par l’archidiocèse – n’auront plus le droit de proposer la « messe de toujours » à partir du 1er juillet prochain. Un communiqué vient d’être publié à cet effet : il en ressort que Mgr Edward Weisenburg, nouvel archevêque de Détroit, a prévenu son clergé qu’il lui était impossible de continuer d’accorder la permission pour ces célébrations traditionnelles en paroisse, Rome s’étant réservé cette matière.

Il faudrait ajouter : au mépris du pouvoir liturgique propre de l’évêque en son diocèse. On se souvient des multiples déclarations et décisions du pape François visant à restaurer les contours traditionnels de la charge épiscopale… L’exercice se heurte à des limites précises en ce qui concerne la promotion et la mise à l’honneur des liturgies latines d’avant la Réforme opérée dans le sillage de Vatican II. Là, tout à coup, l’évêque n’est plus maître chez lui.

 

Les messes traditionnelles interdites à Détroit par la volonté du cardinal Roche

Aveu d’impuissance, donc. Le communiqué précise :

« Le Saint-Siège s’est réservé le droit d’autoriser la célébration de la messe traditionnelle en latin dans les églises paroissiales. Les évêques locaux n’ont plus la possibilité d’autoriser cette liturgie particulière dans une église paroissiale. Compte tenu de cela, les autorisations accordées précédemment pour célébrer cette liturgie dans les églises paroissiales de l’archidiocèse, qui expirent le 1er juillet 2025, ne peuvent être renouvelées. »

C’est son prédécesseur, Mgr Allen Vigneron, dont la démission à l’occasion de son 75e anniversaire en février dernier a été aussitôt acceptée par Rome, qui avait accordé un certain nombre de ces autorisations pour trois ans, le 1er juillet 2022.

Mais cela n’a pas été du goût du Dicastère pour le Culte divin et la Discipline des sacrements et de son préfet, le cardinal Arthur Roche : de nouvelles directives d’application de Traditionis custodes, approuvées, selon lui, par le pape François et publiées sous forme de rescrit en février 2023 ont serré les boulons, avec la volonté évidente d’aller doucement vers l’extinction du rite tridentin.

 

L’archevêque de Détroit cherche des solutions

L’archevêque de Détroit a pris la décision de s’y conformer, d’où son refus sans autre motif de renouveler les autorisations. Quel mal font les prêtres et les fidèles attachés à la messe traditionnelle, qui exprime si clairement la foi de l’Eglise et le sens du Saint Sacrifice ? Trop clairement…

Cependant, tout n’est pas fini dans l’archidiocèse pour la messe tridentine.

D’une part, le sanctuaire desservi depuis 2016 par l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre continuera de proposer des messes quotidiennes et plusieurs messes traditionnelles comme avant. Le Saint Joseph Shrine de Detroit échappe en effet aux restrictions imposées aux paroisses…

Mgr Weisberger souligne également que l’autorisation de célébrer la messe traditionnelle dans les lieux « non paroissiaux » (chapelles, sanctuaires…) reste possible. Comme l’indique le communiqué du diocèse :

« L’archevêque a l’intention d’identifier un lieu non paroissial où la messe traditionnelle en latin pourra être célébrée dans chacune des quatre régions de l’archidiocèse. Comme indiqué ci-dessus, et conformément aux récentes décisions du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements du Vatican, ces lieux ne seront pas des églises paroissiales. Une fois ces lieux déterminés, ils seront communiqués aux fidèles.

« Mgr Weisenburger prévoit de poursuivre son discernement et ses consultations sur cette question au cours des prochains mois. »

 

Les messes traditionnelles au parfum d’interdit…

Triste époque, tout de même, où un évêque pense devoir longuement discerner au sujet de la possibilité de trouver des lieux où les fidèles puissent assister à l’acte le plus éminent, le plus miraculeux qu’il soit donné à l’homme de célébrer : la messe où le Fils de Dieu lui-même devient hostie, victime et nourriture. La messe qui a sanctifié des générations de chrétiens aura dorénavant un parfum d’interdit. Et c’est absurde.

Mais au moins n’a-t-il pas prévu de tout stopper d’un coup. Les catholiques vont continuer de voter avec leurs pieds.

 

Jeanne Smits