Royaume-Uni : haro sur les propriétés privées pour loger les migrants

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Les migrants au Royaume-Uni, un sujet ? Le mot est faible, mais si on le garde, il faudrait ajouter « épineux ». Les arrivées ne cessent pas, elles ré-augmentent, et de nouveaux demandeurs d’asile se rajoutent sur les listes… et dans des lits, car il faut bien les loger ! Le gouvernement travailliste se met donc à appliquer, encore plus vaillamment que le gouvernement précédent, une technique éprouvée : le relogement dans des propriétés privées, à défaut des chambres d’hôtel qui coûtent d’ores et déjà trop cher à l’Etat ou plutôt aux contribuables.

Mais ce faisant, c’est à autant de Britanniques qu’on vole ces logements, d’autant que les conditions proposées par l’Etat sont volontairement plus attractives. La présence des migrants dans certains hôtels de luxe avait déjà accru la colère des riverains, faisant chuter la fréquentation, notamment dans les beaux quartiers. Cette fois, il s’agit potentiellement de leurs foyers, des maisons de leurs compatriotes.

La couleuvre risque d’être de plus en plus difficile à avaler.

 

Les propriétés privées, nouvelle cible de l’Etat

Comme le faisait remarquer The Telegraph, le recours aux propriétaires a été introduit par les conservateurs il y a plus de dix ans, mais la discrétion n’est plus de mise : le bateau coule, il faut presser l’affaire. Le ministère de l’Intérieur missionne donc des prestataires privés pour rechercher activement des propriétaires afin d’héberger des demandeurs d’asile.

L’une de ces entreprises, Serco, gère ainsi actuellement les logements de plus de 30.000 demandeurs d’asile dans plus de 7.000 propriétés. Elle propose des contrats de location à plein tarif de cinq ans aux propriétaires des Midlands, du Nord-Ouest et de l’Est de l’Angleterre, ciblant les logements collectifs (HMO), les propriétés familiales, les anciennes maisons de retraite, les résidences universitaires et les logements étudiants.

On estime qu’à l’heure actuelle il existe, au total, au moins 16.000 logements de dispersion pour 65.700 demandeurs d’asile, un « parc immobilier » qui a été multiplié par deux par rapport à 2014.

Pour le gouvernement, le calcul est avant tout financier : loger un migrant dans un hébergement privé lui coûte 14 livres par nuit au lieu des 145 livres pour une chambre d’hôtel. C’est la raison pour laquelle Sir Keir Starmer avait promis de « mettre fin aux hôtels d’asile, permettant ainsi aux contribuables d’économiser des milliards de livres sterling ».

Seulement le calcul est assez hypocrite…

 

Avoir donné leur argent, des Britanniques devront céder leur logement

Les dernières données du ministère de l’Intérieur démontrent qu’en décembre 2024, 38.000 demandeurs d’asile étaient hébergés dans des hôtels, pour un coût de 5,5 millions de livres sterling par jour, contre 29.585 en juin dernier, juste avant les élections. Cela ne va toujours pas dans le bon sens.

Mais surtout, on peut se poser la question des impacts sur le marché locatif : face à ces nouveaux « clients », les prix pourraient mécaniquement s’en trouver augmentés. D’autant que les sociétés prestataires tentent d’attirer les propriétaires avec des promesses faramineuses. Le propriétaire d’un hôtel interviewé par GBNews a révélé avoir été informé d’une prime de 25 % offerte aux propriétaires qui accepteraient de loger des migrants !

En sus, on leur promet un loyer payé « à temps chaque mois, sans arriérés », des réparations et un entretien complets, une gestion locative gratuite et la prise en charge des charges et de la taxe d’habitation ! Autrement dit, il sera plus avantageux pour eux d’expulser les familles britanniques et de louer à l’Etat pour des migrants étrangers. Nombre de propriétaires, dans ce climat économique morose, pourraient être tentés.

En somme, comme l’a dit le ministre de l’Intérieur du cabinet fantôme, « de meilleures conditions seront accordées aux immigrants illégaux qu’aux personnes qui ont vécu, travaillé et payé des impôts ici toute leur vie… » Même si, il faut le dire, les conservateurs n’ont pas fait beaucoup mieux, en premier lieu ce même ministre qui avait soutenu, en 2020, « l’acquisition de davantage de logements dispersés ».

Une chose est certaine : les jeunes travailleurs, les familles et les sans-abri britanniques seront et sont déjà pénalisés par cette politique systématisée. On estime à 1,3 million le nombre de personnes inscrites sur les listes d’attente pour un logement social, dans un contexte de pénurie aiguë de logements locatifs privés moins chers.

 

Pas de solution pour les migrants au Royaume-Uni qui ne pèse sur les populations

Le Parti travailliste se targue de rétablir l’ordre dans le système d’asile et de réduire les coûts pour les contribuables en accélérant les décisions et en augmentant les expulsions (plus de 24.000 depuis son accession au pouvoir). Seulement, un nombre record d’immigrants illégaux (près de 10.000) sont entrés au Royaume-Uni depuis le début de l’année. Et avec le renforcement de cette mesure de logement, c’est une nouvelle chimère qu’il agite.

Les uns après les autres, les politiques cherchent et prônent des solutions. En réalité, il n’y aucune « solution ».

Les hébergements à l’hôtel n’ont pas toujours été bien accueillis par les riverains, changeant le visage et l’ambiance des quartiers, amenant l’insécurité, suscitant l’inquiétude. A Datchet, par exemple, un village verdoyant près du château de Windsor, plusieurs propriétés valant des millions de livres ne se vendent pas en raison de la présence d’une vingtaine de demandeurs d’asile dans l’hôtel de luxe local depuis trois ans, rapporte le Daily Mail.

Mais peu ou prou, ce sera exactement la même chose avec des logements privés, pire même car ces étrangers illégaux se sentiront davantage installés. A Glasgow, la pression devient insoutenable.

Quant aux profiteurs, ils sont partout. MailOnline a révélé le cas hallucinant de la société Stay Belvedere Hotels Limited (SBHL) qui a été, depuis, déchue de son contrat avec le ministère de l’Intérieur. Elle a perçu jusqu’à 700 millions de livres sterling par an grâce aux contribuables pour gérer des hôtels quatre étoiles pour demandeurs d’asile. Les deux dirigeants de l’entreprise prénommés Safwan Adam et Bassam Gilini, qui n’avaient jamais travaillé dans la gestion immobilière auparavant, ont versé 45 millions de livres sterling de dividendes à cinq actionnaires, dont ils faisaient partie…

On vit décidément une époque épatante.

 

Clémentine Jallais