Horrible pour certaines des victimes, pénible pour tout le monde, complexe en raison de faits de différentes natures commis à des époques différentes, l’affaire des violences dans l’établissement catholique Notre Dame de Bétharam demandera une enquête précise et des débats judiciaires sereins. On n’en prend pas le chemin, ni dans l’agitation de la presse, ni dans l’audition du Premier ministre François Bayrou par l’Assemblée nationale, anormalement longue (cinq heures et demie, contre trois heures prévues) et houleuse. Première remarque, les auditions de personnalités diverses par les parlementaires marquent une américanisation regrettable de la vie politique française. L’Assemblée et le Sénat feraient mieux de faire leur travail, qui est de voter des lois, apprécier le budget et l’action du gouvernement.
Quoi qu’il en soit, le choix de l’un des deux députés choisis pour diriger la commission montre une volonté d’aller à l’incident : l’insoumis Paul Vannier est connu pour son agressivité contre les catholiques, il a déjà donné sa mesure naguère contre le collège Stanislas, alors que, par ailleurs, il n’a rien vu à reprocher au lycée confessionnel musulman Averroès, dont le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau pense qu’il est un « bastion de l’entrisme islamiste ». Et la confusion politique est allée à son comble quand, sortant de l’affaire Bétharram, Vannier a interrogé François Bayrou à propos d’un incident survenu en 2002. En campagne présidentielle, Bayrou sortait de la mairie annexe de Strasbourg à la Meinau, quartier d’immigration, qui venait d’être caillassée. Une quinzaine de « jeunes » accueillent le maire et le candidat avec des injures et des cris sexistes. Bayrou s’approche et suit une séquence un peu chahutée. Laissons-lui la parole : « J’ai trouvé la main d’un petit garçon qui était en train de sortir mon portefeuille de ma poche et je lui ai donné une tape. Pas une claque. (…) Pas quelque chose de brutal. » Et d’insister : pour le Premier ministre, « ce n’est pas de la violence » mais « un geste éducatif ».
Sur X, la députée écologiste du Rhône Marie-Charlotte Garin a réagi vivement : « Minimiser les faits, c’est piétiner la parole des victimes. » Il y a là, derrière l’emphase ridicule de la phrase, une confusion malhonnête. Il se peut que la « tape » dont parle Bayrou ait été une « claque », et il est possible que le jeune voleur ait eu mal. Mais lui, n’est pas un enfant de Bétharram. C’est un jeune voyou qui fait du désordre sur la voie publique et tente de voler, en l’espèce un représentant du peuple. Parler de violence ici est plus que ridicule, c’est révolutionnaire, c’est inverser les faits, leur interprétation, la morale. Cette confusion, cette inversion, sont volontaires, et ce n’est pas un hasard si on les trouve dans la bouche des insoumis et des écologistes.
La théorie en a été faite dans les années 1980 par une essayiste féministe britannique, auteur de The hidden gender of law, sous le nom de continuum des violences. Strictement, il s’agit d’affirmer que les femmes subissent un continuum des violences sexuelles qui mènent des convictions telles que le sexisme au féminicide via un continuum qui passe par les « mini agressions culturelles » (fausses représentations, « invisibilisation »), les agressions verbales (dont les blagues sexistes), les agressions sexuelles et le viol, toutes ces violences étant liées entre elles. Ce continuum a été allégué lors de récentes affaires, Pélicot, etc.
Il se trouve extrapolé dans l’affaire Bétharram, puisque sont confondues dans les accusations des violences qui sont sexuelles et d’autres qui ne le sont pas. Et, avec l’audition de Bayrou, on atteint un sommet de confusion, puisque le petit Fouquier-Tinville de la France insoumise confond la répression bénigne d’un petit voyou avec une violence sur enfant. Le seul vrai continuum qu’on puisse observer est celui la révolution à travers les mots. Elle amène partout en France une hyper-violence dont les enfants sont les premières victimes.