Malgré l’éphémère réconciliation du concile de Florence en 1453, la chrétienté a été divisée en 1054 par le grand schisme qui sépara l’Occident latin (qu’allait frapper quelques siècles plus tard la catastrophe de la Réforme) de l’Orient grec. Depuis, les églises orthodoxes sont restées séparées de Rome, en particulier par deux points, la prééminence de celle-ci, et ce qu’on nomme la querelle du Filioque, dans le chant du Credo. Dans les années 60, le pape Paul VI et le patriarche œcuménique de Constantinople ont lancé un dialogue œcuménique qui se maintient sans vraiment aboutir, les points d’achoppement étant moins difficile qu’avec les protestants. Cependant, les dérives post-Vatican II inquiètent nos frères séparés d’Orient, quels que soient exactement leur confession et leur rite. Le mouvement synodal et Fiducia Supplicans ont eu en particulier un effet répulsif : les Coptes ont récemment décidé un moratoire sur les conversations œcuméniques avec Rome. Or Léon XIV, qui s’est donné pour mission de répandre la « paix » chez les chrétiens, vient de déclarer à une délégation orthodoxe : « Je vous assure de ma volonté de persévérer dans les efforts visant à rétablir une pleine communion visible entre nos Eglises ; la réalisation de cet objectif ne peut se faire, avec l’aide de Dieu, que par un engagement continu à l’écoute respectueuse et au dialogue fraternel. » Selon le Métropolite Emmanuel de Chalcédoine qui représentait le patriarche Bartholomé aux obsèques du pape François, Rome et Constantinople ont signé des accords sur sept textes (le dernier datant de 2023), parvenant à « une convergence remarquable sur de nombreuses questions complexes qui, depuis des siècles, continuent de diviser les orthodoxes et les catholiques romains ». Acceptons-en l’augure, tout en remarquant que, par le biais de l’œcuménisme avec les orthodoxes, le pape Léon XIV est peut-être en train de se débarrasser des errements synodaux en matière de mœurs et de discipline, dont Fiducia Supplicans est l’emblème, et que le précédent pontificat avait laissé proliférer.