A Londres, la marche contre l’immigration entre colère et agit-prop

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Etaient-ils 110.000, comme l’affirme la police britannique, ou 3 millions, comme l’a assuré l’un des organisateurs à la tribune dans l’enthousiasme du moment ? Une gigantesque marche nationale a eu lieu à Londres, samedi, sous le vocable « Unite the Kingdom » : arborant le Union Jack ou encore les drapeaux de Saint-Georges et ceux des autres pays du Royaume-Uni. Les manifestants protestaient contre la politique d’immigration dont il est incontestable qu’elle est en train de changer la face du Royaume-Uni. A la tribune, on a pu entendre des mères de jeunes filles violées dans les régions, où pour des raisons antiracistes, la police avait tu la réalité d’abus sexuels commis sur des Blanches par des gangs asiatiques spécialisés dans l’exploitation de jeunes filles de milieux défavorisés.

Disons-le tout de suite, ils n’étaient sûrement pas 110.000, ni même 150.000 comme l’ont suggéré certaines sources officielles du bout des lèvres. Une vidéo publiée par le journal The Guardian, d’orientation similaire à celle du Monde en France, montre des flots serrés et ininterrompus de manifestants dont le nombre semble bien plus proche du million revendiqué par les organisateurs.

 

« Un million » de participants à la marche de Londres

Vu le nombre de marcheurs et le degré de colère qui gagne un nombre croissant de Britannique de souche qui savent que d’ici à 2060, ils formeront moins de 50 % de la population en Albion, on peut dire que les choses se sont passées de manière plutôt bonhomme. Oui, il y a eu 26 interpellations et la police a déploré des actions violentes à son encontre. Mais comme toujours dans ce type de manifestation, il faut faire la part des choses entre les provocations et la tonalité générale d’un rassemblement.

Le journaliste Jonathan Sacerdoti, juif revendiqué – libéral, puisqu’il est « marié » avec un homme – raconte ainsi dans le journal de droite The Spectator qu’il est allé faire un tour à la marche avant de rejoindre la synagogue, sans se douter qu’il y aurait une affluence aussi énorme. Resté sur place, il atteste de la bonne ambiance et du caractère physiquement pacifique du rassemblement, même s’il a déploré que certains orateurs proposent d’interdire la nourriture halal ou la liberté du culte musulman. Il atteste cependant du fait qu’à aucun moment son « mari » présent pour filmer n’a été inquiété pour port de kippa alors que la capitale londonienne a connu de multiples manifestations pro-palestiniennes où il valait mieux ne pas s’aventurer en tant qu’israélite.

Les nombreux discours, parmi lesquels une intervention vidéo d’Elon Musk, mettaient l’accent sur l’héritage chrétien du Royaume-Uni, sur l’appel à lutter contre le terrorisme islamique et la dénonciation les aberrations sociales dont les petits Blancs sont les victimes alors que le pays en faillite dépense des milliards pour l’accueil et le maintien des demandeurs d’asile – autrement dit, le plus souvent, des immigrés clandestins.

 

Entre juste colère et agit-prop nourrie de « violences »

Elon Musk déclarait ainsi : « Si cela continue, cette violence va vous atteindre, vous n’aurez pas le choix. Vous vous trouvez ici dans une situation fondamentale où, que vous choisissiez la violence ou non, la violence vous atteindra. » Sous les acclamations de la foule, il a ajouté : « Soit vous ripostez, soit vous mourez. »

Bref, ce sont des années de politique migratoire soutenue par des lois d’anti-discrimination et d’anti-racisme – comme en France, celles-ci favorisé la préférence étrangère – qui ont maintenu toute critique nationale sous le couvercle de lois draconiennes. Le couvercle se soulève avec les effets que l’on imagine. La cocotte-minute est en train de déborder et le gouvernement a beau jeu de dénoncer des excès dont les raisons sont imputables à des décennies de politique d’ouverture dont les partis politiques institutionnels, portent la responsabilité.

Même le Brexit, largement acquis sur un discours anti-immigrationniste, n’a pas mis fin à l’arrivée massive de populations venues de pays extra-européens et culturellement très différents de celle du Royaume-Uni, dont les racines sont aussi chrétiennes que celles du reste de l’Europe. A croire que les Britanniques ont été en quelque sorte punis de leur vote…

La marche de samedi était organisée par Tommy Robinson, figure de « l’extrême droite » britannique. Il est clair que les Britanniques ressentent un immense besoin de pouvoir exprimer leur opinion sur ce qui se passe. La liberté d’expression était au centre et ce n’est pas un hasard si la manifestation été marquée par une minute de silence à la mémoire de Charlie Kirk, assassiné aux Etats-Unis la semaine dernière alors qu’il débattait courtoisement et à la loyale avec ses contradicteurs sur un campus universitaire dans l’Utah.

 

Qui est Tommy Robinson, organisateur de la marche contre l’immigration ?

Le Royaume-Uni serait-il en train de se libérer ? Il faut tout de même souligner plusieurs choses.

Il faut rappeler à quel point les sentiments nationaux ont été réprimés et ce de manière délibérée, avec des conséquences prévisibles. C’est le syndrome de la cocotte-minute évoqué plus haut. Pour tout révolutionnaire qui se respecte, cette polarisation d’une certaine manière organisée ou voulue par le pouvoir peut bien faire partie de toute dialectique bien rodée.

D’un côté, on a le déni des souffrances d’une population autochtone de petites gens (ou pas) laissés pour compte, et l’interdit visant des sentiments patriotiques en eux-mêmes bons et honnêtes. De l’autre, une certaine exploitation de la colère populaire, de la frustration bien réelle d’honnêtes gens, face à des quartiers, des villes, voire des régions où ils ne se sentent plus chez eux.

Cependant, la personnalité de Tommy Robinson pose question. Né Stephen Yaxley-Lennon en 1982, Tommy Robinson a choisi son pseudonyme en hommage à un hooligan bien connu, fan du club Luton Town. Il a aligné des condamnations pénales pour violences, hooliganismes, escroqueries, possession de stupéfiants, et ce dès l’âge de 16 ans – petit aperçu seulement de son casier judiciaire bien rempli. C’est lui qui a dénoncé les « grooming gangs » de violeurs pakistanais. Mais cela aussi lui valut une condamnation pénale en 2019 pour divulgation du secret de la procédure lorsqu’enfin certains d’entre eux passèrent devant la justice.

Il est aussi habitué des faux sur Internet. Il a ainsi été condamné plus récemment à 18 mois de prison pour avoir à tort présenté sur les réseaux sociaux un collégien réfugié syrien attaqué devant son école comme un agresseur sexuel de jeunes filles anglaises. Et j’avais pu moi-même constater, au terme de vérifications serrées, que Robinson avait publié une fausse photo de l’attentat islamiste de Stockholm en 2017. Mes demandes d’éclaircissement répétées s’étaient heurtées à un mur de silence.

 

L’agit-prop n’était peut-être pas loin

Voilà qui sent l’agit-prop, l’utilisation d’une juste critique de politiques qui inquiètent et qui divisent, pour remuer les foules et déstabiliser un pays – quand il ne s’agit pas de justifier une répression plus forte encore du sentiment national.

A la suite de la marche de samedi, le Premier ministre Keir Starmer a déjà signifié à Tommy Robinson qu’il ne comptait pas « abandonner » le drapeau britannique à la violence. Les participants à la manifestation, qualifiés d’« activistes », ne respectent pas la signification réelle de l’Union Jack, a déclaré le Premier ministre, assurant : « Elle représente la diversité de notre pays. »

Technique bien rodée. Les commentateurs mainstream se focalisent sur quelques débordements, « oubliant » de souligner l’extraordinaire diversité, y compris ethnique, d’un événement globalement pacifique. Par la suite, cela peut permettre de réduire encore un peu plus les libertés.

« 100.000 personnes se sont exprimées au nom de la liberté d’association et de parole, elles ont prouvé que ces deux choses vont très bien dans ce pays », a déclaré de son côté le secrétaire britannique aux affaires économiques, Peter Kyle. Voire… De la part du gouvernement britannique, on a plutôt affaire à une variante de Tout va très bien, Madame la Marquise, assortie de promesses de prendre enfin le problème de l’immigration massive. Les braves gens n’en seront que davantage irrités – et éventuellement, manipulables.

 

Jeanne Smits