Léon XIV se confie sur sa mission : « Confirmer les autres dans leur foi »

Léon XIV Confirmer foi
 

Le pape Léon XIV vient de donner sa première grande interview à Elise Ann Allen, auteur d’une nouvelle biographie à paraître en espagnol, jeudi, sous le titre León XIV: ciudadano del mundo, misionero del siglo XXI (« citoyen du monde, missionnaire du XXIe siècle »). Cette journaliste est correspondante du média catholique américain Crux, qui n’est pas particulièrement connu pour des prises de position traditionnalistes, comme en témoigne d’ailleurs le titre choisi pour le livre qui paraîtra en anglais et en portugais au début de 2026. Plusieurs extraits de l’entretien ont été publiés par Crux ; ils ont le mérite de montrer la première priorité que le nouveau Pape estime être la sienne, confirmer ses frères dans la foi.

On dira que cela n’a rien de très original. Telle est en effet la mission confiée par Notre Seigneur lui-même à Pierre, quand Il fit de lui son vicaire à la tête de l’Eglise. Mais il est bon de constater que le pape Léon XIV prenne cette mission tellement au sérieux – et d’ailleurs, cela transparaît dans son insistance sans relâche sur la nécessité de se tourner d’abord vers le Christ.

 

Léon XIV a une première priorité : confirmer dans la foi

Confiant à la journaliste que le fait d’avoir été élu pape constitue un véritable défi, une nouvelle fonction à apprendre, dans un contexte particulièrement agité sur le plan politique mondial, alors même que le rôle pastoral lui a semblé plus facile à habiter, il a souligné :

« Devenir pape, successeur de Pierre, chargé de confirmer les autres dans leur foi, et c’est là le plus important, est également quelque chose qui ne peut se produire que par la grâce de Dieu, il n’y a pas d’autre explication. Le Saint-Esprit est la seule façon d’expliquer comment j’ai été élu à cette fonction, à ce ministère. En raison de ma foi, de ce que j’ai vécu, de ma compréhension de Jésus-Christ et de l’Evangile, j’ai dit oui, me voici. J’espère pouvoir confirmer les autres dans leur foi, car c’est là le rôle le plus fondamental du successeur de Pierre. »

Interrogé sur la polarisation actuelle du monde, et sa violence, le pape a souligné qu’il est important de lancer une réflexion plus profonde pour comprendre ce qui se passe :

« Je pense que de nombreux facteurs ont conduit à cette situation. Je ne prétends pas avoir toutes les réponses, mais j’en constate assurément la réalité dans quelques-uns des résultats. La crise de 2020 et la pandémie ont certainement eu un effet sur tout cela, mais je pense que cela a commencé bien avant… Peut-être qu’en certains lieux, la perte d’un sens plus élevé de ce qu’est la vie humaine y est pour quelque chose, et cela a affecté les gens à plusieurs niveaux : la valeur de la vie humaine, de la famille et de la société. Si nous perdons le sens de ces valeurs, alors qu’est-ce qui a encore de l’importance ? »

 

Léon XIV annonce son « programme »

Le Pape dessine ainsi, de manière un peu plus nette, les contours de son pontificat. Bien sûr, au cours de l’entretien, il fait de nombreuses références au Pape François, à la « synodalité », qu’il encourage cependant à ne pas considérer comme un chemin vers un « gouvernement démocratique de l’Eglise », mais il y a ce socle de l’affermissement dans la foi qui seul pourra donner la stabilité à l’ensemble.

En même temps, alors que la parenthèse des vacances à Castel Gandolfo se referme, on apprend via des confidences faites à l’agence Reuters que le pape achève la rédaction d’un document à paraître sous la forme d’une exhortation apostolique sous le titre Dilexit te, « Il t’a aimé », qui prend en quelque sorte la suite de la dernière encyclique de François, sur le Sacré-Cœur, Dilexit nos. Ce premier grand texte magistériel sera centré sur les besoins des pauvres.

Selon Il Fatto Quotidiano, cette exhortation sera une sorte d’introduction au vrai texte programmatique du nouveau Pontife, une encyclique sociale au sujet de l’intelligence artificielle dont l’apparition est prévue pour début 2026.

 

Léon XIV identifie l’IA comme le grand défi de notre temps

En effet, cela correspond à l’explication donnée par Léon XIV du choix de son nom de pape. Le cardinal Robert Prévost a expliqué dès son élection qu’il s’est tourné vers Léon XIII, l’auteur de Rerum Novarum, la grande encyclique sociale intervenue au moment où le statut et le sort des ouvriers étaient si précaires.

Aujourd’hui, les progrès de l’IA sont une menace sans précédent pour l’humanité, et d’abord pour les plus pauvres – mais pas seulement. Le grand remplacement de l’homme par l’intelligence artificielle à tous les niveaux professionnels menace chacun d’une précarité inédite, depuis le bas jusqu’au sommet de la hiérarchie sociale. Les réponses actuellement imaginées par des institutions comme le Forum économique mondial face à cette inutilité massive du travail humain relèvent d’un collectivisme forcené – on pense au « revenu universel » par exemple, promu par les partisans de la « quatrième révolution industrielle » – justifié au nom du partage des richesses que l’avènement de l’IA est censé devoir produire. Grand rêve marxiste en vérité.

Dans l’approche de la situation que révélera cette nouvelle épreuve qu’il sera possible de cerner le vrai sens de ce pontificat. Ce qui est sûr, c’est qu’il est urgent de répondre aux questions que pose cette nouvelle tentative de l’homme de se faire semblable aux dieux en « créant » des entités « intelligentes ».

 

Jeanne Smits