Le « chercheur » Wallenhorst, modèle de terrorisme par le climat

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Notre confrère Reporterre est une source précieuse car il expose avec netteté les folles avancées du terrorisme du climat. Son interview de Nathanaël Wallenhorst, doyen de la faculté de sciences de l’éducation de l’Université catholique de l’Ouest, politologue et « chercheur » en sciences de l’environnement est un modèle du genre. Il révèle la méthode utilisée toujours et partout par la révolution mondialiste au moyen du climat, qui consiste à capter l’autorité de la science au profit d’un projet politique et idéologique, en utilisant généreusement un vocabulaire terroriste, sans oublier les généralisations grandiloquentes destinées à intimider le contradicteur et à s’épargner de répondre aux objections.

 

Pour Wallenhorst le climat prouve notre entrée dans l’anthropocène

Le site de Nathanaël Wallenhorst ronronne d’autosatisfaction. Outre ses fonctions, il y détaille ses titres, docteur en sciences de l’éducation, doktor der Philosophie (Berlin), en sciences de l’environnement (Lausanne) et Sciences politiques (Rennes), « chercheur » en divers lieux découvrant à marée basse, et membre de l’Anthropocene Working Group (AWG), chargé de dater l’entrée de la planète dans l’ère géologique de « l’anthropocène ». Bref, c’est une grosse tête, ses propos sont sûrement sérieux. Parmi les ouvrages, qu’il a « écrits et dirigés », il cite en premier celui qui vient de sortir : 2049 : ce que le climat va faire à l’Europe. Voici la description qu’en donne l’éditeur : « A quoi ressemblerait notre vie quotidienne, en 2049, sur une Terre qui franchirait les principaux points de basculement ? Fort de savoirs sans cesse actualisés, Nathanaël Wallenhorst anticipe d’une façon très concrète ce que pourrait être 2049 côtés écosystème, climat et société. Aurons-nous toujours des saisons en 2049 ? (…) Climat, eau, santé et migrations, l’auteur raconte notre quotidien dans ce futur proche si rien ne change. » Par points de basculement, ou de bascule, il faut entendre ces changements irréversibles du climat au-delà d’un certain seuil de chaleur, qui rendrait inviables les sociétés humaines.

 

L’objectif du terrorisme par le climat est la révolution mondialiste

D’entrée de jeu, Reporterre dévoile l’intention politique et sociale de Wallenhorst en demandant : « En quoi la menace des points de bascule remet-elle, selon vous, radicalement en cause toutes les approches néolibérales et capitalistes des politiques climatiques ? » La réponse est une profession de foi marxiste et malthusienne : « Les politiques de transition actuelles sont totalement inefficientes pour contenir l’emballement du système Terre. Si l’on adopte un point de vue systémique, il devient évident qu’espérer ou promouvoir la croissance économique est complètement irrationnel. La décroissance n’est pas une orientation idéologique ou politique, c’est une évidence biogéophysique. » Voilà qui est péremptoire, mais un enfant de cinq ans décèlerait l’erreur de raisonnement et l’idéologie qui la provoque. En effet, il y a au moins deux autres raisons qui peuvent expliquer « l’inefficience » des politiques actuelles : elles peuvent être mal conçues et contradictoires d’une part, elles peuvent être sans objet de l’autre. Autrement dit, dans le dernier cas, les prétendues politiques d’atténuation du changement de climat n’ont aucun effet parce que le climat, et son changement éventuel, ne dépendent pas de l’homme.

 

Le chercheur entend diviser les salaires par cinq grâce à une « bascule sociale »

Mais cela, Wallenhorst ne veut pas le voir, puisque la responsabilité humaine dans le climat est le point de départ des changements politiques et sociaux qu’il préconise. On peut ainsi lire plus loin : « Il est nécessaire de décarboner extrêmement rapidement nos modes de vie. En France, il faut passer de 9 à 2 tonnes d’émissions de CO2 par personne. En simplifiant, cela signifie de diviser par cinq notre consommation et notre production, c’est-à-dire notre salaire. Il faut créer un monde où l’on peut vivre de manière digne avec l’équivalent de 500 euros par mois. Il faut absolument tout réinventer dans la manière de se nourrir, se loger, faire société. Et si l’on souhaite rester dans un cadre démocratique, ce qui est mon cas, il faut rendre désirable une telle limitation. Nous n’avons pas le choix : nos démocraties doivent s’encastrer dans les limites planétaires. » Pour y parvenir, la convergence révolutionnaire des luttes est nécessaire : « Mon espoir est qu’il puisse y avoir une bascule sociale soudaine et imprévue comme cela peut arriver dans l’Histoire, un peu comme lorsque le mur de Berlin est tombé. Beaucoup de choses bougent dans la société sans, pour l’instant, faire système. (…) Il y a du mouvement dans la société, des acteurs dont les actions pourraient se mailler les unes aux autres pour finir par entraver la marche des choses. »

 

Le modèle de la « bascule » ne repose sur rien d’autre qu’un vocabulaire intimidant

Voilà des paroles de militant révolutionnaire arc-en-ciel, mais pour leur donner du poids, Wallenhorst a pris soin de se draper dans l’autorité de la science. Sa première réponse commençait en effet par : « Il suffit de s’en tenir aux faits. » Et il poursuit dans cette veine : « Mon approche est scientifique. Elle repose sur un savoir pluridisciplinaire et une base de données de plusieurs milliers d’articles que j’articule entre eux. Comme, par exemple, celui publié dans le journal de l’Académie des sciences des Etats-Unis en 2022 qui pose concrètement sur la table la question de l’extinction possible de l’humanité. (…) Ce sont les sciences du système Terre, sur la base de données rigoureuses, qui démontrent l’impossibilité pour nos sociétés de perdurer si l’on continue sur notre trajectoire actuelle, sans changement radical. Ce sont à l’inverse les récits technosolutionnistes, ou les idées selon lesquelles “l’Homme s’est toujours adapté”, qui relèvent de la croyance sans fondement. » L’accumulation d’un certain vocabulaire est révélatrice. Savoir pluridisciplinaire, milliers d’articles, Académie des Sciences des Etats-Unis, système Terre, etc. : l’attirail du sérieux est largement utilisé pour discréditer à l’avance toute opinion contraire.

 

L’eau et la « terre-étuve » moyens du terrorisme par le climat

Pour parfaire la déroute des optimistes « technosolutionnistes », Wallenhorst agite ensuite les épouvantails ordinaires du terrorisme par le climat, grands mots-images et nouvelles menaces : « La mère de toutes les menaces, c’est la question de l’eau. Beaucoup de points de bascule menacent le cycle de l’eau et la cryosphère. Or, l’eau irrigue tous les fondements de nos sociétés. L’agriculture, l’hygiène, l’économie : les pénuries d’eau à venir peuvent gripper toute la machine. Les conséquences des pénuries d’eau sont immédiates avec la faim, la peur, l’accaparement, les déstabilisations politiques et géopolitiques, les risques de guerre, etc. Les risques de point de bascule sont multiples, de nombreuses dimensions doivent être articulées en même temps. L’étude de 2018 de Will Steffen et son équipe évoque un seuil vers 2 °C de réchauffement, voire dès 1,5 °C, avec un emballement possible vers une “Terre-serre” ou “Terre-étuve” difficilement vivable. »

 

Wallenhorst fuit dans le global des objections qu’il ne peut réfuter

L’interviewer bienveillant de Reporterre demande alors à Herr Doktor Wallenhorst si notre compréhension du climat ne compte pas une « part d’incertitude ». C’est l’occasion pour lui d’une belle métaphore visant à remettre à sa place l’incitation à la prudence qu’on pourrait tirer de cette incertitude : « On ne sait pas exactement où est le seuil, mais on se situe à ce moment de bifurcation du système Terre. Chaque phénomène, pris isolément, comprend des incertitudes quant à la chronologie précise à venir. Il n’y a pourtant aucun doute sur la dynamique globale. C’est un peu comme le lait sur le feu : si l’on allume le gaz sous la casserole et que l’on oublie de la surveiller, il existera une incertitude sur le moment où le lait débordera. Pour autant, on est certain qu’il finira par déborder. »

L’opération suivante consiste à noyer la question dans le général pour éviter de répondre aux objections rationnelles : sans doute « chaque phénomène, pris isolément, comprend des incertitudes (mais) si l’on regarde le tableau général : la perturbation du cycle de l’eau, la désoxygénation des océans, la fragilisation de la pompe océanique du carbone et du plancton, la fonte du pergélisol, les menaces de bascule des systèmes forestiers septentrionaux, de toute l’Amazonie, la destruction des coraux, la fonte des glaciers du « troisième pôle » himalayen, les menaces d’effondrement en Antarctique, l’effondrement de la biodiversité, etc., on voit bien se dessiner une dynamique très forte ». Ce « on voit bien » vaut de l’or. C’est une expression de politicien, non de scientifique. Rappelons que Wallenhorst, malgré ses titres, n’est ni chimiste, ni physicien, ni climatologue, ni océanologue, etc… Il collige des « études » soigneusement triées pour entrer dans un système idéologique. Mais il se trompe sur tout. En particulier l’Antarctique, la biodiversité, les coraux, la forêt septentrionale, les glaciers, vont bien, merci pour eux, et la « dynamique » perçue par Wallehnorst n’est qu’un produit de ses convictions.

 

Le modèle de la fin du monde justifie la révolution, y compris migratoire

Et c’est elles qu’il s’emploie à imposer pour justifier la révolution économique, sociale, politique et idéologique qu’il promeut : « La civilisation s’est développée alors que nous vivions, depuis environ 12.000 ans, dans l’Holocène, période caractérisée par sa stabilité et sa prévisibilité. (…) Cette stabilité et cette prévisibilité générales sont une des explications du développement des civilisations : elles ont permis la maîtrise des écosystèmes, le développement de l’agriculture puis d’excédents agricoles, le commerce, etc. L’Anthropocène décrit la sortie de cette stabilité et, surtout, l’entrée dans un régime climatique de plus en plus imprévisible, avec des extrêmes exacerbés. Cela n’a rien à voir avec les causes de l’effondrement de certaines civilisations par le passé. Aujourd’hui, c’est le socle même ayant permis l’existence de toutes les civilisations qui s’effondre. » Après cette phrase marmoréenne, notre Philippulus prophète en rajoute dans le terrorisme : « Nous sortons de la niche climatique ayant permis l’existence des civilisations. (…) D’ici 2070, 3 milliards de personnes risquent de sortir de cette niche climatique et devront migrer, avec le lot de déstabilisation que cela implique. » Suivez mon regard : pour éviter que ne s’effondre le « socle de toutes les civilisations », une seule solution, la « bascule sociale » en espérant que « nos démocraties s’encastrent dans le système planétaire ». Ach ! La Science !

 

Pauline Mille