Xi Jinping impose actuellement avec une énergie renouvelée la « sinisation » des confessions religieuses en Chine. Les lieux de culte sont tenus de diffuser des contenus « socialistes » – en d’autres termes, le communisme à la chinoise –, des membres du clergé sont arrêtés et ceux qui refusent de se soumettre au Parti communiste font l’objet de « disparitions » forcées, rapporte le site hispanophone Infocatolica. C’est une nouvelle étape dans le resserrement de la « gouvernance de la religion » voulue par le pouvoir.
Tout cela ne semble pas entamer l’enthousiasme du Secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le cardinal Parolin, au sujet de l’accord sino-vatican signé par le pape François en vue de normaliser les relations avec la Chine à travers la reconnaissance de l’Eglise patriotique et les nominations d’évêques sous l’égide des autorités communistes.
Mais, note Infocatolica, « le silence public persiste sur les évêques emprisonnés, sur Jimmy Lai, sur la persécution des catholiques en Chine, sur la mort de Monseigneur Giulio Jia Zhinguo, sur l’anniversaire de la canonisation des 120 martyrs chinois »…
Quant à Xi Jinping, lors d’une session du Politburo tenue le mercredi 29 octobre dernier, il a exigé de manière catégorique la « sinisation » complète et « l’orientation active » de toutes les confessions sur le territoire national : « Seule la sinisation continue des religions peut garantir l’harmonie et la stabilité », a-t-il martelé.
La « sinisation » propage le communisme
La « sinisation » – rendre l’enseignement plus « chinois » au sens actuel, c’est-à-dire imprégné de communisme – est un concept développé par le PC chinois pour définir une stratégie politique par laquelle la société, les croyances religieuses et les institutions sont soumises à des réglementations rigoureuses. Le christianisme et l’islam sont particulièrement touchés par les mesures découlant de la politique de sinisation, car Pékin les perçoit comme une menace potentielle pour le pouvoir du parti. Les autorités réagissent en renforçant la surveillance, en procédant à l’arrestation de religieux non officiels et en intégrant la propagande d’Etat dans les cérémonies religieuses, rappelle Infocatolica.
C’est depuis septembre 2023 que les lieux de culte en Chine sont tenus de diffuser des contenus communistes pour pouvoir conserver leur reconnaissance officielle, indispensable dans une société où le Parti communiste exerce le pouvoir partout et de haut en bas, à tous les étages. Cela suppose une loyauté absolue à l’égard du PC, et se traduit notamment par l’interprétation de chants partisans au cours des cérémonies religieuses, et la distribution de matériel de propagande lors des activités confessionnelles.
La persécution de l’Eglise en Chine, toujours d’actualité
Pour l’Eglise catholique clandestine, qui refuse de reconnaître une hiérarchie catholique chapeautée par le Parti communiste, le resserrement de la sinisation a eu pour conséquence une persécution renforcée : ainsi, depuis le début de 2022, au moins dix prêtres catholiques de l’Eglise clandestine ont été enlevés dans la ville de Baoding – un million d’habitants – dans la province du Hebei, selon le site germanophone de la Catholic News Agency ; ils n’ont jamais été retrouvés.
En février 2025, Mgr Peter Shao Zhumin, évêque de Wenzhou, s’est vu infliger une amende d’environ 25.000 euros de la part des autorités pour avoir célébré la messe en public. Shao a été détenu par la police pendant une semaine en mars pour avoir refusé de payer l’amende. Peu avant Pâques, il a été arrêté à nouveau pour l’empêcher de célébrer la messe.
On ignore où se trouvent plusieurs catholiques clandestins emprisonnés, notamment deux évêques, James Su Zhimin et Joseph Zhang Weizhu. L’évêque James Su Zhimin de Baoding avait été arrêté lors d’une procession en 1996 et il a déjà passé 26 ans dans des centres pénitentiaires et des camps de travail. On ne l’a pas revu depuis 2003, date à laquelle ses proches l’ont trouvé par hasard dans un hôpital, sous la garde d’agents de sécurité.
Dans son rapport annuel de 2025, la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF) a rapporté que les autorités chinoises « ont arrêté, fait disparaître de force ou refusé de révéler l’emplacement de membres du clergé catholique clandestin qui ont refusé de rejoindre l’organisation catholique contrôlée par l’Etat », rapporte enfin Infocatolica.











