Protestations indigènes à la COP30 : invasion de la zone bleue de l’ONU

protestations indigènes COP30 invasion
 

L’inauguration du grand raout de la COP30 – la conférence des parties sur le climat qui revient tous les ans ou presque comme une fête religieuse sous l’égide de l’ONU – n’a pas été de tout repos cette année. Les 50.000 participants officiels arrivés lundi à Belém, ayant craché force tonnes de CO2 au moyen de leurs divers choix de locomotion, ont eu la surprise, mardi, de voir la « zone bleue » envahie par des manifestants. Ceux qui imposent des fardeaux pesants sur les hommes ordinaires en réglementant chaque aspect de la vie par les sacrifices au climat ont été dénoncés comme de vulgaires pollueurs. L’arroseur arrosé, en quelque sorte…

C’est mardi soir que plusieurs centaines de manifestants anti-pétrole et anti-riches, parmi lesquels des indigènes qui avaient revêtu pour l’occasion coiffes et pagnes tribaux, ont forcé l’entrée principales du bâtiment de la COP, où se tenait la conférence de presse quotidienne, malgré les tentatives des gardes stipendiés par l’ONU de bloquer les portes avec des tables. Armés de bâtons, les activistes ont blessé plusieurs agents de sécurité. Quant aux délégués, ils ont été rapidement renvoyés vers l’arrière, n’obtenant le droit de quitter les lieux qu’après leur sécurisation.

 

Les protestations indigènes à la COP30 : à coups de bâtons

Cela a donné lieu à des photos quelque peu gênantes pour les chantres du respect des « peuples premiers » et de leur sagesse, pour les climato-alarmistes qui ont fait de l’Amazonie une sorte d’incarnation des « ravages » du « changement climatique ». Les manifestants dénonçaient notamment les forages pétroliers de recherche autorisés fin octobre au large de Foz do Amazonas par le gouvernement brésilien. Les réserves potentielles sont aujourd’hui estimées à 6,2 milliards de barils. L’engagement pour le climat, c’est la lutte contre le CO2, mais business is business. Voilà bien la preuve que le pouvoir ne prend pas son propre discours « climatique » au sérieux…

La construction de « toute une nouvelle ville » pour accueillir la COP – pour reprendre l’expression des autochtones – n’a pas aidé.

Tout avait commencé, mardi après-midi, par une « marche globale pour la santé et le climat » à travers les rues de Belém. Un groupe s’est détaché, courant plus vite que la police et hurlant « il faut taxer les milliardaires, c’est à cause d’eux qu’il fait chaud », pour forcer l’entrée de la COP malgré la présence de la police militaire motorisée – et même un blindé brésilien devant assurer la protection du lieu.

Arrivé dans l’enceinte du Parc de la Cité où se tient la COP le groupe a exécuté un rituel indigène, selon La Folha de S. Paulo, puis il a réussi à envahir le sas d’entrée où il a tenté de pratiquer un nouveau rituel, suivi des coups évoqués plus haut. Les forces de sécurité ont réussi alors à faire évacuer le groupe, non sans que certains parmi les activistes retournent pour réclamer des objets perdus lors de la confrontation – sacs, portables et un inévitable drapeau palestinien.

 

Une invasion de l’extrême gauche

L’extrême gauche contre la COP ? On serait tenté de dire qu’on aura tout vu… Mais on aurait tort : c’est plutôt un remake. Cela fait penser aux « altermondialistes » contre les réunions des institutions supranationales et le Forum économique mondial : les deux camps pointent vers un même super-pouvoir mondial sur fond de socialisme universel et de redistribution des biens vers le Sud Global.

C’est tout l’art de la dialectique : agiter et faire travailler des forces apparemment opposées pour qu’elles concourent à l’objectif réel.

 

Les protestations indigènes invoquent les mêmes idoles que la COP30

Les spiritualités sont d’ailleurs les mêmes.

D’un côté, les indigènes à plumes et leurs compagnons de route « opprimés » invoquent les esprits de la nature.

De l’autre, les leaders mondiaux de la COP – taxés d’oppression des premiers – ont assisté à une cérémonie d’ouverture musicalement illustrée par Fafá de Belém qui a interprété de concert avec le ministre brésilien de la culture Margareth Menezes la chanson Emoriô : elle évoque (ou invoque ?) Oxalá, idole du panthéon des Orixás dont le culte chamanique trouve son origine en Afrique de l’Ouest.

Dans la religion syncrétique associant divinités païennes et catholicisme au Brésil (via le Candomblé) et dans les Caraïbes (à travers la santería cubaine ou le vaudou), Oxalá est assimilé à Jésus-Christ, mais en tant que démiurge chargé par le chef des dieux de créer le monde et de façonner l’homme à partir de l’argile… Réminiscence de la Genèse dont l’humanité garde des traces dans ses récits religieux, mais travestie par l’attribution de l’œuvre créatrice à de faux dieux qui n’ont en réalité rien de divin.

Le panthéisme est en arrière-fond.

 

Jeanne Smits