De quoi la marche blanche contre le narcotrafic est-elle le nom ?

marche blanche contre narcotrafic
 

Une marche blanche contre le narcotrafic a eu lieu à Marseille samedi 22 novembre en hommage à Mehdi Kessaci, jeune homme assassiné le 13 par deux hommes à moto, frère d’Amine Kessaci, militant écologiste et fondateur à 17 ans de l’association Conscience pour la défense des quartiers dits « populaires » ou « sensibles ». Des répliques à cet hommage ont eu lieu dans de nombreuses grandes villes de France. Tous les médias, de Libération à Cnews, ont abondamment annoncé cette marche blanche, soutenant les organisateurs et l’intention qui l’animait. Le gouvernement prévoyait d’y envoyer deux ministres et de nombreux politiciens étaient dans la rue pour montrer leur solidarité. Aussi attendait-on des dizaines (voire centaines) de milliers de participants : or les manifestants, 6.200 à Marseille, se sont comptés par dizaines ailleurs. C’est une déception pour ceux qui appelaient à se « lever sans peur ». Est-elle due à la crainte qu’inspirèrent les réseaux criminels, ou à la distance abyssale entre le peuple et ceux qui parlent en son nom ? Cette question en appelle une autre : à quoi servent la guerre déclarée en paroles contre le narcotrafic en général et cette marche blanche en particulier ?

 

Contre le narcotrafic au nom de l’arc-en-ciel

Le profil médiatique d’Amine Kessaci est parfait. II est né voilà 22 ans dans le quartier nord de Frais-Vallon à Marseille de deux parents algériens, l’un mécano automobile, l’autre femme de ménage, qui a depuis monté son restaurant. Il a eu son bac pro avec mention très bien en 2021 et milite depuis tant en politique que dans l’association Conscience qui « lutte contre le narcotrafic ». Le site de l’association est en maintenance depuis mars 2025, mais on peut lire sur le site helloasso : « Conscience est une association, fondée par des jeunes de quartier nord. Elle souhaite redorer l’image des jeunes Marseillais et prouver que les jeunes ne sont pas tous mêlé aux trafiques (sic) de stupéfiant mais que nous sommes également pour le féminisme pour l’écologie et l’humanisme. » Se définissant comme « la République qui lutte », elle écrit encore : « Nous refusons que nos quartiers soient réduits à des terrains de jeu pour les réseaux criminels, où le narcotrafic impose sa loi faute d’alternative. Nous savons que la délinquance prospère sur l’absence de perspectives, et nous nous battons pour offrir un autre chemin. Celui de l’éducation, de la solidarité, de la dignité. »

 

De grands noms du gratin politique à la marche blanche

Si l’on tâche de préciser son cv à l’aide de Wikipédia, on découvre que : le père était clandestin, Amine enfant le suivait dans les manifs, il a fait de la politique dès son année de première, milité à la NUPES pendant la présidentielle de 2022, a été en 2024 candidat sur la liste européenne des écologistes en dixième position, et pour le NFP aux législatives de 2024, battu au deuxième tour par le RN. En décembre 2020, son demi-frère Brahim Chabane, ancien guetteur pour un réseau, 22 ans, était retrouvé dans le coffre d’une voiture calcinée, victime d’un règlement de compte de trafic de drogue. Quelques mois auparavant, Brahim, passé par la prison, avait été blessé de 9 balles de kalachnikov et dut faire un long séjour à l’hôpital. Quant au jeune homme qui vient d’être assassiné, Mehdi, la police n’exclut pas qu’il s’agisse d’un acte d’intimidation. En tout cas, le profil politique d’Amine explique le soutien général des médias et des politiciens. Le mauvais temps au départ de Roissy a empêché la délégation ministérielle (Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, Vincent Jeanbrun, ministre de la ville) de venir à la marche blanche, mais étaient présents Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, Eric Dupont-Moretti, ancien garde des Sceaux, Benoît Payan, maire divers gauche de Marseille, Marine Tondelier, et MM. Faure, Glucksmann, Vallaud, Jadot, Bompard, Delogu, Ruffin, Roussel, et même Lucie Castets, ex-futur Premier ministre d’union des gauches.

 

L’intention de Kessaci, autour du Narcotrafic

Un bel échantillon du gratin de l’arc-en-ciel – dont manquait toutefois la partie droite. Laurent Wauquiez ni Xavier Bertrand n’étaient là, sans doute effarouchés par le profil politique trop marqué d’Amine. Peut-être n’étaient-ils pas les bienvenus à la manif. Ou peut-être un de leurs conseillers a-t-il lu la présentation de Conscience en entier. On y lit par exemple : « Dans nos quartiers populaires, la République a déserté. Les écoles sont sous-dotées, les logements insalubres, les services publics réduits à peau de chagrin. Les habitants, pourtant citoyens à part entière, sont relégués aux marges, condamnés à grandir et à vivre dans un monde où l’égalité des chances n’existe que dans les discours. Ici, la précarité n’est pas une fatalité, mais une conséquence directe de choix politiques qui, année après année, sacrifient ces territoires sur l’autel de l’indifférence. » Et encore : « Nous sommes celles et ceux qui refusent de voir la République s’effacer devant les logiques de marché et de pouvoir. (…) Nous sommes les habitants qui s’organisent, qui refusent l’injustice et qui exigent que leur voix soit entendue. Nous ne demandons pas la charité, nous exigeons la justice. »

 

La politique de la ville, revendication de la marche blanche

Lors de la marche blanche, Amine a repris ce discours, déplorant le « recul des institutions », en chœur avec Sébastien Delogu qui a demandé plus de « moyens » et de « prévention » : « Il faut le retour des services publics, une police de proximité pour rétablir le fait que le peuple se sente en sécurité et rétablir la tranquillité publique. » C’est en fait la politique de la ville, cet immense et dispendieux échec, qu’ils réclament. Tous les participants ont répété avec Conscience que « la délinquance prospère sur l’absence de perspectives ». En somme, il y avait un immense consensus pour penser que si les jeunes des quartiers sombrent dans la violence et le trafic, c’est qu’ils ne trouvent pas leur place dans la société française. C’est ce qui a valu à cette marche blanche la sympathie universelle des médias, même après son échec. FR3 choisissait de mentir pour le cacher, titrant son papier sur une « foule immense ». CNews prenait la mine sévère et triste d’Eliot Deval pour déplorer que la mobilisation ait été si faible. Cette unanimité à côté de la plaque nous permet maintenant de dire à quoi sert le narcotrafic dans le discours politique et à quoi a servi cette marche blanche dans la pédagogie arc-en-ciel.

 

Marche blanche pour une immigration bleue et rose

Ce faisant, on se gardera de nier ou d’insulter la douleur réelle d’une mère qui a perdu deux de ses fils, et le courageux allant du frère qui venge leur mémoire. Mais on notera des images très simples. Une musulmane en voile de deuil présentée en héroïne consensuelle, un immigré dans un cercueil présenté en innocent victime de « la violence », un jeune immigré musulman méritant. L’immigration dans ce tableau bleu et rose n’apparaît que sous des aspects positifs. Le malheur, et le méchant, est le narcotrafic et son « hyperviolence ». Et l’immigration à aucun moment n’est désignée comme cause possible, même secondaire, ni du narcotrafic, ni de l’hyperviolence. Cette observation à elle-seule dit à quoi sert le narcotrafic : il sert à déplacer le problème, et, partant, à nier les responsabilités des politiques depuis 45 ans. L’enfer des « quartiers », le chômage de masse, les banlieues défigurées, l’insécurité générale, c’est le narcotrafic, les politiques français, leur laxisme, leur politique suicidaire, n’y sont pour rien, de même que les immigrés eux-mêmes. Le narcotrafic, comme jadis Carthage, doit être détruit, et la République aura sauvé sa grandeur, sa générosité, sa prospérité.

 

Quand la République achetait la paix civile au narcotrafic

L’émoi organisé du pays le dit. Le vocabulaire nouveau des médias le confirme. On parle désormais de « narchomicide », les titres se demandent si la France est devenue une « nouvelle Colombie ». Ce tour de passe-passe est étonnant. Oubliés l’importation de millions d’hommes, patronat, Etat et syndicats d’accord comme larrons en foire, contre la volonté populaire jamais consultée, plombant la productivité, la compétitivité, les comptes de la nation, la cohésion sociale, le niveau scolaire, la sécurité intérieure et extérieure. Oublié le fait que si les jeunes des quartiers ne trouvent pas de place c’est qu’ils n’y ont pas leur place, leur présence n’est qu’une conséquence horrible des crimes politiques qui les ont menés là, et qu’ils approuvent. Oubliés les vols, les viols, les « incivilités », les émeutes, sans rapport avec le narcotrafic. Oubliée en quelque sorte la part déterminante de l’immigration dans l’insécurité et la violence actuelles. Contre ce déni ahurissant de la réalité, ce déplacement criminel du problème, il faut rappeler que c’est le narcotrafic qui a sifflé chez les « jeunes » la fin des émeutes d’après-Nahel, car elles nuisaient à son trafic. Et répéter ce qu’avait mis en lumière l’affaire d’Air Caraïbe : à savoir que des gouvernements successifs ont laissé s’installer le narcotrafic dans les « quartiers », de sorte qu’ils y assurent leur ordre et qu’ils donnent à manger aux populations. C’était le deal mortel paix civile contre narcotrafic, dont on voit aujourd’hui la limite.

 

Au nom de la République la marche blanche entraîne le peuple

Car à la fin ce système explose au visage des politiciens qui l’ont produit. Les bandits et leurs trafics n’ont jamais été recommandables. Mais ils constituaient naguère encore la frange peu nombreuse d’un prolétariat non séparé du peuple français. L’invasion organisée a importé en masse sur notre sol des populations d’une autre civilisation, où la pire violence est ordinaire, et ces siècles de barbarie servent de vivier à l’hyperviolence du narcotrafic. Les politiciens qui l’ont permise ne peuvent reconnaître cet aspect de leur politique d’immigration : alors ils se servent de la catastrophe qu’ils ont provoquée pour appeler à sauver la « République » et faire avancer un peu plus l’agenda arc-en-ciel qu’ils promeuvent. Cela coûtera ce que cela coûtera, en argent et en vies humaines. La peur du narcotrafic s’ajoutera aux autres peurs par quoi l’on gouverne, climat, racisme, covid, etc. Quant aux marches blanches, malgré l’échec de la dernière, elles se multiplieront, forcément. C’est bien plus qu’un élément de propagande. Nos princes sont des spécialistes de l’ingénierie sociale. Ces marches habituent le public à se mobiliser. A lutter. A « ne pas avoir peur ». En somme à agir, dans le sens que lui indiquent les stratèges pédagogues de l’arc-en-ciel.

 

Pauline Mille