Dans le dogme matérialise ordinairement reçu, la matière préexiste à tout, et la conscience émerge de l’activité électrochimique de nos neurones, c’est une chose qui émane par hasard de la complexité croissante du cerveau au fil de l’évolution. Mais Maria Stromme, spécialiste norvégienne des nanotechnologies et sciences des matériaux pense autrement. Elle vient de lancer l’hypothèse selon laquelle au commencement était le Verbe, dans la revue EIP Advances, et son étude, jugée meilleur article du numéro, a été porté à la une. Naturellement, elle ne l’a pas dit comme ça. Ce n’est pas une philosophe mais une physicienne éprise de rigueur mathématique et de langage scientifique, docteur en physique du solide, membre de l’académie royale des sciences de l’académie des sciences de Suède et de l’Académie norvégiennes des sciences technologique.
C’est saint Jean en équations : au commencement était le Verbe
L’hypothèse centrale de cette physicienne intrépide est que la conscience précèderait tout le reste, le temps, l’espace, et la matière. Ces trois catégories ne seraient en quelque sorte que des manifestations secondaires d’une conscience fondamentale. Saint Jean l’a écrit voilà plus de 1.900 ans dans le prologue du quatrième évangile : « Au comment était le Verbe, et le Verbe, etc. » Maria Stromme, elle, parvient à cette conclusion via un cadre théorique formulé dans le langage mathématique de la physique quantique. Son ambition affirmée est de décrire le véritable fonctionnement de l’univers, par une sorte de révolution copernicienne qui inverserait la perspective matérialise actuelle : la matière n’est pas la brique élémentaire, ce serait une émanation de la conscience, et la physicienne a voulu poser à ce propos une véritable théorie scientifique falsifiable, à vérifier ou réfuter.
La physicienne norvégienne offre un cadre scientifique à l’inexpliqué
Elle s’est ensuite aventurée sur le domaine de la philosophie ou de la théologie. Revendiquant s’être inspirée des intuitions de Planck, Heisenberg et Schrödinger, elle pense que les consciences individuelles ne sont pas des îlots produis par des cerveaux séparés mais des portions interconnectées d’un champ de conscience plus vaste, qu’elle compare à des vagues à la surface d’un même océan. Et elle émet l’hypothèse que la séparativité, le sentiment d’être un être distinct des autres, découlerait d’une perception limitée de cette grande conscience une. La physicienne intègre dans cette conception les phénomènes que l’on dit paranormaux, sans se prononcer sur leur existence : si les consciences individuelles baignent dans un champ partagé, la télépathie, certaines formes d’intuition inexpliquées, seraient des expressions naturelles de cette interconnexion. De même présente-t-elle comme conséquence logique de ses équations le retour de la conscience individuelle, après la mort physique, au champ universel dont elle a émergé à la naissance.
Quelles que soient ses intentions, au commencement était le Verbe
Il y a trois mouvements distincts dans la démarche de cette physicienne norvégienne. 1. La fusion de la conscience personnelle dans un grand Tout qui sent un peu son panthéisme et le New Age. 2. Un dada, ou un défi, de physicienne : offrir un cadre d’étude scientifique à certains phénomènes incompréhensibles en l’état, proposer des prédictions vérifiables en physique, dans les neurosciences et en cosmologie, et traduire ainsi des spéculations philosophiques en hypothèses testables. 3. Enfin, et surtout, le point de départ cosmogonique : l’hypothèse qu’une « Conscience » préexiste au temps, à l’espace, et à la matière. Pardi, le dernier Evangile nous le répète tous les jours que Dieu fait, Au commencement était le Verbe, mais si une physicienne norvégienne l’établit, cela ne peut pas faire de mal !











