La Chine met le paquet sur la nano-technologie pour une guerre asymétrique biologique

Chine nano-technologie guerre biologique
 

Le Parti communiste ne s’encombre pas d’éthique en matière militaire. Selon un récent rapport américain, l’armée chinoise développe un arsenal invisible d’armes avancées et secrètes visant à pouvoir nourrir une guerre asymétrique, où figureront armes biologiques, biochimiques et neurobiologiques, portées par des outils électroniques basés sur la nanotechnologie (manipulation de la matière à l’échelle atomique, moléculaire et macromoléculaire). Des nano-armements d’une capacité et précisions redoutables contre de potentielles populations cibles. Et c’est sans compter l’apport de l’intelligence artificielle, domaine où la Chine devance toujours les Etats-Unis.

Quand un pays militarise toutes les avancées technologiques, la menace devient tangible. Mais la Chine n’est évidemment pas la seule dans cette course – les dénonciateurs font le même jeu.

 

La combinaison de la nano-technologie et de l’armement

Que faut-il craindre, exactement, des nano-armes ? Ces armes miniatures ont un potentiel de destruction un peu inversement proportionnel à leur taille.

Elles sont « conçues pour être discrètes, difficiles à détecter et capables d’infliger des dégâts importants aux adversaires tout en évitant une confrontation directe », posant « de nouveaux défis à la sécurité mondiale, sans précédents dans l’histoire de l’humanité ». Ainsi avertit le récent rapport, intitulé In the Shadows of Science: Unraveling China’s Invisible Arsenals of Nanoweapons, et publié ce mois-ci par l’équipe américaine de la CCP BioThreats Initiative.

Grâce à l’utilisation de ces matériaux microscopiques hautement sophistiqués, les menaces potentielles sont multiples, rendant les contre-mesures traditionnelles obsolètes et inefficaces. Si la Chine devait développer ces nouveaux arsenaux invisibles, au-delà des armes chimiques et biologiques habituelles, il y aurait de quoi légitimement s’inquiéter.

 

La Chine se dirige vers « un nouveau domaine de guerre »

A l’échelle électronique, on se dirige vers la création de nano-dispositifs avancés et indétectables, idéals pour la surveillance, le vol de données ou même la perturbation d’infrastructures critiques. Les attaques sur ces dernières utilisant des nano-robots « pourraient entraîner des pannes de courant, des pannes de communication ou des perturbations financières, posant de graves menaces à la sécurité et à la stabilité nationales », indique le rapport.

Les nanomatériaux pourraient également être utilisés pour manipuler la lumière et les ondes électromagnétiques. Une telle technologie serait utilisée dans des avions de combat furtifs avancés, des navires de guerre et des véhicules militaires. Quant aux armes elles-mêmes, telles que les systèmes laser ou les dispositifs à impulsions électromagnétiques (EMP), les nanoparticules seraient utilisées pour améliorer leurs performances, « permettant ainsi des attaques plus précises et dévastatrices ».

L’IA pourrait équiper des nano-robots, « nano-armes autonomes, capables de prendre des décisions en temps réel et d’exécuter des cyber-attaques avec une sophistication et une imprévisibilité sans précédent ». Un des risques soulevés réside dans leur capacité à « transporter des agents biologiques directement vers des cellules cibles avec une précision mortelle ».

Mais la guerre nano-biologique est encore plus large et plus menaçante peut-être. Des techniques informatiques avancées, combinées aux nanotechnologies, pourraient permettre la manipulation de données biologiques et la création d’agents pathogènes synthétiques ou d’organismes génétiquement modifiés dotés d’une virulence ou d’une résistance accrue aux médicaments.

La Chine considère la biologie comme un « nouveau domaine de guerre » et exploite le génie génétique, la médecine de précision et la technologie des sciences du cerveau à des fins militaires. Selon les auteurs du rapport, les progrès chinois en matière de nanotechnologie pourraient même rendre plus difficile la recherche de l’origine des crises de santé publique, y compris des pandémies.

 

La biosécurité contre l’arme biologique

La conclusion du rapport ? Toute percée dans ces nanotechnologies potentielles « fournirait au Parti communiste chinois des outils sans précédent pour établir par la force un nouvel ordre mondial, ce qui a été l’objectif de toute une vie pour Xi Jinping ». Les applications militaires offensives ne peuvent pas être exclues.

Selon le Département d’Etat américain, la recherche biologique de la Chine comprend déjà des activités susceptibles d’être utilisées comme armes bactériologiques. Elle aurait « utilisé la ricine, les toxines botuliques et les agents responsables de l’anthrax, du choléra, de la peste et de la tularémie comme armes ». Ses progrès en matière de biologie synthétique et d’édition génomique pourraient permettre encore de nouveaux développements : ils concernent des domaines d’intervention stratégique essentiels et sont conçus pour être utilisés à court terme, dans le cadre des circonstances stratégiques actuelles de l’Etat, comme à Taïwan.

La Chine « considère la guerre basée sur les nanotechnologies comme un élément essentiel de sa stratégie de guerre asymétrique contre les Etats-Unis et leurs alliés » assène le rapport. Et de souligner la nécessité d’investir pareillement… forcément. Le ministère chinois des Affaires étrangères ne s’est d’ailleurs pas privé d’accuser les Etats-Unis de se lancer dans le développement secret d’armes biologiques : « En ce qui concerne les menaces à la biosécurité, les Etats-Unis sont le pays le plus actif et le plus suspecté de mener des activités bio-militaires. »

 

Clémentine Jallais