La Phrase : « L’ordre, le vrai, c’est celui de la cité »

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La vérité en temps d’insécurité ne sort pas de la bouche des enfants mais de celle des fonctionnaires anonymes. Plus encore que la police et l’armée, la justice, avec sa balance, est le symbole même de l’ordre, de la concorde et de la paix, imposés par la loi. Pourtant, il arrive de plus en plus souvent que les tribunaux soient le lieu de graves désordres, de violences entre bandes comme en imagina Shakespeare entre Montaigu et Capulet. Le 27 novembre au tribunal d’Ivry s’affrontaient deux gangs de jeunes impliqués dans un meurtre. Et le premier décembre, toujours en région parisienne, rebelote. C’était le procès des meurtriers de Mansour, assassiné en 2022 pour avoir refusé la fouille que lui imposait un dealer de la cité Victor Hugo à Gentilly. Deux bandes rivales y sont venues s’expliquer dans une méga-baston qui a marqué policiers, juges, avocats, greffiers et femmes de ménage. Ça a commencé à six heures du soir dans la salle d’audience par une bagarre entre les détenus Sofiane, Elijha et Emmanuel, avant de gagner la salle des pas perdus où attendaient les supporters des uns et des autres. Il a fallu toute la police de Créteil pour arrêter le massacre. Selon un témoin, « ces incidents reviennent assez souvent lorsque des rixes opposent des quartiers. Il arrive que les amis soient dans la salle d’audience et interpellent le prévenu pour lui lancer “courage mon reuf”. Ils ont tendance à mettre pas mal le bazar dans les tribunaux (mais) de cette ampleur-là, franchement, c’est rare ». Les juges ont trouvé leur parade : prononcer le huis clos pour éviter les affrontements. C’est sans doute le plus simple, et peut-être le plus réaliste. Un fonctionnaire observe en effet que pour les prévenus et leurs amis, la justice française ne représente pas grand-chose. L’autorité qu’ils reconnaissent c’est les « grands de la cité ». Les juges, « ils s’en moquent, ils n’ont pas de respect pour l’institution ». Et de conclure : « L’ordre, le vrai, c’est celui de la cité. » On ne saurait décrire de façon plus lapidaire l’échec complet d’une politique d’immigration et d’assimilation.