« Les objectifs et les activités du parti communiste polonais (KPP) sont incompatibles avec la Constitution », a jugé mercredi le Tribunal constitutionnel de Pologne en se fondant sur la glorification par le PC polonais, créé en 2002, de régimes communistes responsables de millions de morts. A l’heure où la Russie de Poutine présente Staline sous un jour de plus en plus favorable, la Pologne se souvient tout particulièrement des purges ordonnées par ce dernier. Ce jugement, qui fait suite à une requête déposée devant le Tribunal constitutionnel par Karol Nawrocki, élu en août président de la Pologne et ancien collaborateur de l’Institut de la Mémoire, entraîne l’illégalité immédiate de ce parti.
« “Il n’y a pas de place dans l’ordre juridique polonais pour un parti qui glorifie les criminels et les régimes communistes responsables de la mort de millions d’êtres humains, y compris nos compatriotes, citoyens polonais”, a déclaré le juge Krystyna Pawłowicz du Tribunal constitutionnel pour justifier cette décision. Le Tribunal a rendu son arrêt en formation plénière, présidée par le président Bogdan Święczkowski, et a décision a été unanime », rapporte wszystkoconajwazniejsze.pl.
Le Parti communiste de Pologne doit être radié pour son soutien au totalitarisme
La Constitution polonaise interdit explicitement « les partis politiques et autres organisations dont les programmes font référence aux méthodes et pratiques totalitaires du nazisme, du fascisme et du communisme, ainsi que ceux dont les programmes ou activités prônent ou autorisent la haine raciale et nationale, le recours à la violence pour s’emparer du pouvoir ou influencer la politique de l’Etat, ou qui prévoient le secret de leurs structures ou de leurs membres ».
On aura remarqué que cet interdit vise également la franc-maçonnerie…
Mme Pawłowicz a encore expliqué : « Le Tribunal a souscrit à l’argument du président Karol Nawrocki selon lequel, à la suite de la Révolution bolchevique criminelle, le communisme a tragiquement transformé le visage d’une vaste partie du monde, et ses conséquences socio-économiques se font encore sentir aujourd’hui dans de nombreux pays. L’idéologie communiste s’oppose aux valeurs humaines fondamentales et aux traditions de la civilisation européenne et chrétienne. Dans ce contexte, les activités programmatiques du KPP, qui s’inspirent du Parti communiste ouvrier polonais d’avant-guerre et font l’éloge de l’attaque de la Russie soviétique contre la Pologne en 1920, sont particulièrement choquantes. »
Soulignant qu’il s’agirait pour elle de sa dernière décision en plénière – elle part à la retraite ce vendredi – Krystyna Pawłowicz a décidé de commenter la décision publiquement, soulignant notamment que la Pologne n’avait jamais vraiment été « décommunisée » : « Contrairement à d’autres pays d’Europe centrale et orientale, elle n’a jamais opéré de rupture claire et systémique avec l’idéologie communiste, marxiste-léniniste et stalinienne. » Ce qui permet à ces idées, avec ou sans PC, de s’exprimer de manière « dispersée » et « impunément ».
L’interdiction du Parti communiste en Pologne
Une première motion visant à rendre illégale l’inscription du PC polonais du registre des partis politiques politiques avait été déposée devant le Tribunal constitutionnel en 2020 par Zbigniew Ziobro, alors ministre de la Justice, mais l’affaire a été définitivement classée, mercredi, parce qu’il ne s’est jamais présenté à une audience la concernant, ce qui est obligatoire. En novembre 2024, Karol Nawrocki avait déposé une motion similaire visant à la radiation du KPP. La requête du président Nawrocki déposée il y a un mois a pu prospérer.
Le Tribunal a notamment fondé sa décision sur le programme adopté en 2015 par le KPP en vue de la construction d’une « société démocratique sans classes dans le cadre d’un système socialiste », ainsi que sur ses statuts qui prétendent à une filiation avec le parti communiste polonais d’avant la Révolution d’Octobre, et diverses publications et actions du Parti.
Reste que le Tribunal constitutionnel lui-même fait face à la contestation de son autorité par le gouvernement polonais actuel qui invoque la présence de deux juges illégalement nommés, selon lui, sous la précédente administration du PiS.











