Pantone, l’entreprise américaine connue pour sa fabrication de nuanciers, a dévoilé sa « couleur de l’année 2026 ». Il s’agit d’un blanc cassé censément « doux et aérien », nommé « Cloud Dancer » (le danseur des nuages), illustré par une affiche qui symbolise selon elle l’air du temps. Comme il faut maintenant s’y attendre, ce choix a mis le feu aux réseaux sociaux américains qui l’accusent de racisme, accompagnés par certains médias. « Le blanc est la quintessence de la neutralité. Mais dans une année où le nationalisme blanc fait partie des sujets dominants de l’actualité, ce choix suscite l’étonnement », écrit ainsi le Washington Post. Une confusion entre couleur, couleur de la peau et politique qui rappelle quelques polémiques tout aussi ridicules lancées à propos de sparadrap par la militante intersectionnelle Rokhaya Diallo ou par l’ex-ministre socialiste George Pau-Langevin sur le mot blanchir. Des controverses qui montrent que la révolution arc-en-ciel fait flèche de tout bois et que ses activistes demeurent très proches de la pensée magique, confondant mots et choses.
Pantone, arbitre des couleurs et maître de la pub
C’est devenu une tradition, Pantone, leader de l’impression en couleur, dont les couleurs sont précisément définies par un mélange d’encres, a lancé comme chaque année depuis 1999 sa couleur de l’année. C’est de la pure publicité. Pour l’entreprise, cette teinte exerce une « influence apaisante sur une société qui redécouvre la valeur d’une réflexion tranquille ». Et patati et patata. Du simple baratin de mode. Mais l’analyste des tendances Mandy Lee a jugé ce choix « tout simplement décevant », et d’autres ont embrayé sur le mode délire, dénonçant une « prise de position politique », visant à « blanchir l’Amérique », évidemment soumise au « racisme ». Pour certains, cette couleur serait « utilisée par des sectes qui veulent représenter la suprématie et la pureté raciales ». En réponse, l’illustrateur italien Emiliano Ponzi (rien à voir avec la pyramide) a déclaré : « C’est comme une page blanche attendant d’être peinte – une couleur d’inclusion, dont le ton doux permet à toutes les autres teintes de coexister en harmonie. »
Rokhaya Dialo prêtresse du racisme des sparadrap
Cette réponse est tout aussi follement politique et montre le degré d’abêtissement systématique où est tombé le débat public. L’obsession de la race (et du genre, de toutes les controverses dont l’arc-en-ciel fait son miel) y est partout présente et s’accompagne le plus souvent d’une confusion simplificatrice entre une couleur et la signification idéologique que lui prêtent les obsédés. En 2018, Rokhaya Diallo accusait la France de « racisme d’Etat » à cause notamment des shampoings qui n’étaient pas adaptés à sa chevelure crépue et surtout des sparadraps beiges roses qui la ramenaient à « la couleur de sa peau », parce qu’ils tranchaient sur sa peau noire et avaient été conçus pour des peaux blanches. Alors même que, notre confrère le NouvelObs l’a relevé, un « pansement spécial pour peaux mates et bronzées » avait été lancé par le groupe Mercurocrome en 2007 avant d’être retiré deux ans plus tard faute d’acheteurs. Même fiasco aux Etats-Unis pour le pansement Ebon-aid, alors que blacks et latinos représentent là-bas le quart du marché. L’accusation de racisme se brise donc sur le libre goût du consommateur.
Noir, blanc et arc-en-ciel dans le langage des civilisations
De même, George Pau-Langevin, député socialiste et ancien ministre des Outre-mer, s’était-elle insurgé qu’on utilise le mot « blanchir », quand François de Rugy avait été lavé en juillet 2019 de certains soupçons qui pesaient sur lui. « Sur l’affaire #DeRugy, toute la presse se répand en disant que suite aux enquêtes effectuées il serait “blanchi” ce qui signifie qu’il était noirci par les accusations ! Quand ce vocabulaire attachant toujours un sens négatif à la couleur noire sera-t-il périmé ? », a-t-elle tweeté, assortissant son message de hashtags #çasuffit et #stop. On touche le fond. Madame Pau-Langevin semble ignorer que le blanc n’implique pas toujours un « sens positif », le mariage blanc n’étant pas un bon mariage. Chaque civilisation a son langage des couleurs, le blanc est en Chine la couleur du deuil, la république romaine tenait en mauvaise part les tissus bariolés arc-en-ciel que l’empire inca prisait beaucoup. Et il est vrai que le Français n’aime pas les noirs desseins ni les idées noires, sans verser pour autant dans le racisme.
Nuages de la sociologie et racisme des couleurs
Mais les nuages de la sociologie postmarxiste rajoutent un bon peu de folie à l’obsession des militants arc-en-ciel. Témoin cette affaire de publicité survenue voilà une dizaine d’années en Suisse. Viviane Cretton, enseignante à la Haute Ecole de travail social du Valais s’en prenait à « une publicité pour lessive qui semble s’être inspirée de vieilles techniques racistes de représentation de la propreté ». 90 citoyens helvétiques avaient demandé le retrait de l’espace public d’une affiche des grands magasins Migros où un ours en peluche brunâtre de saleté devenait tout blanc une fois trempé dans la lessive. Pour cette sociologue, « ce processus qui associe le brun au sale a été particulièrement mis en scène par la publicité dite coloniale, au début du XXe siècle. Il révèle une idéologie de la race, qui est l’une des idéologies existantes les plus profondément naturalisées par les médias (Hall, 1995) ». Une question : cette dame a-t-elle des enfants, qui jouent avec de la terre, ou, peut-être, avec leurs couches ? La saleté a ses nuances, et le racisme des couleurs n’existe que dans la folie des obsédés arc-en-ciel du racisme.











