Des décennies après, 40 % des femmes américaines regrettent d’avoir avorté

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Selon une étude évaluée par des pairs et portant sur un échantillon aléatoire et représentatif à l’échelle nationale de femmes âgées de 41 à 45 ans, le deuil lié à un avortement peut durer des décennies pour 40 % des femmes. Des chercheurs ont analysé les réponses de 1.925 femmes issues d’un panel national anonyme. Parmi elles, 409 (21,2 %) ont déclaré avoir subi au moins un avortement provoqué, tandis que 573 (29,8 %) ont déclaré avoir fait une fausse couche ou une autre perte de grossesse spontanée. La prévalence de ces deux expériences correspond étroitement aux moyennes nationales, ce qui renforce les conclusions de l’étude. Ce qui distingue cette recherche, c’est qu’elle a pris en compte les témoignages des femmes elles-mêmes concernant leur expérience de l’avortement. Plutôt que de considérer l’avortement comme une catégorie unique, l’étude a invité les femmes à réfléchir à la manière dont cette décision était en accord – ou en désaccord – avec leurs valeurs et leurs préférences. Leurs réponses ont révélé quatre expériences distinctes : les avortements librement consentis (29,8 %), ceux acceptés mais non conformes à leurs valeurs personnelles (35,5 %), et ceux non désirés (22,0 %) ou subis sous la contrainte (12,7 %). Répandu dans tous les groupes, le deuil était bien sûr de plus en plus fréquent à mesure que la décision était moins libre et plus conflictuelle. Près de quatre femmes sur dix ont déclaré que leur souffrance émotionnelle était encore vive aujourd’hui, en moyenne 20 ans après la perte du fœtus. Avec des cauchemars, des souvenirs intrusifs, qui perturbent beaucoup leur vie, leur travail, leurs relations.

L’auteur de l’étude préconise un changement. Le dépistage avant une interruption de grossesse devrait permettre d’identifier les femmes qui se sentent sous pression ou en conflit intérieur, car elles courent un risque nettement plus élevé de séquelles psychologiques à long terme. En outre, les professionnels de santé mentale devraient interroger systématiquement leurs patientes sur toutes les grossesses avortées – volontaires ou non – afin de leur donner l’espace nécessaire pour reconnaître et exprimer un deuil qui reste parfois enfoui pendant des décennies.