Sale temps pour Benjamin Netanyahou, le premier ministre d’Israël : selon un sondage de l’institut Channel 2 sa cote a plongé de 63 % lors de l’attaque terrestre de Gaza à 38 % après le cessez-le-feu. 54 % des Israéliens condamnent celui-ci et 68 % jugent insuffisante la politique de protection des territoires limitrophes de Gaza.
Benjamin Netanyahou a claironné qu’il sortait vainqueur des combats de Gaza, le Hamas n’ayant « rien reçu en échange de la trêve » et « encaissé les coups les plus durs de son histoire ». Manifestement une majorité nette d’Israéliens pense le contraire. Elle constate qu’obus et roquettes ont continué d’atteindre Israël : malgré 64 tués, Tsahal n’a pas « cassé le Hamas ». Tels sont les résultats d’un sondage dont les faucons se servent pour regretter que Gaza n’ait pas été vitrifié et prédire que les combats vont bientôt reprendre.
Quand il écoute l’international, Netanyahou plonge, sondage sans appel
En effet, le Hamas n’a obtenu en échange de la trêve ni la levée du blocus de Gaza, ni le feu vert pour la construction d’un port et d’un aéroport. Il présentera ces demandes à la conférence du Caire qui s’ouvrira en septembre, et, si elles sont rejetées, les hostilités recommenceront.
Le processus diplomatique a donc du plomb dans l’aile et Netanyahou se trouve pris, sans que cela lui nuise forcément, dans un réseau de contradictions. Perdant pour l’instant de la guerre des images à Gaza, il s’est engagé du bout des lèvres dans un processus diplomatique, sous la pression de la communauté internationale, malgré l’israélophilie des Etats occidentaux. Mais ce faisant il déçoit son électorat et plus généralement le peuple d’Israël.
Israël plébiscite les faucons à Gaza
Fils du secrétaire de Zeev Jabotinsky, frère d’un officier mort lors du raid d’Entebbé en Ouganda, chantre de la « paix contre la sécurité », soutien des colonies, on attend de lui plus que de la fermeté. Aussi la faiblesse de la gauche israélienne face à l’angoisse populaire lui donne-t-elle peu de marge de manœuvre. C’est pourquoi il a constamment favorisé la croissance du Hamas par rapport au Fath, pour jouir d’un ennemi indéfendable. Tout donne à penser que l’érection du califat et de « l’islamisme radical » en mal absolu lui profitera indirectement.
Si Israël parvient à se placer du bon côté dans le combat manichéen entre le Bien et la Barbarie, il parviendra à parer l’offensive que mène une partie de la communauté et des institutions internationales contre lui. Sinon Netanyahou se retrouvera isolé, coincé entre faucons et colombes, devant un processus de paix ingérable.