Moins de vingt-quatre heures après avoir obtenu – malgré tout – la confiance de la représentation nationale, Manuel Valls a déclaré envisager la suppression de la première tranche (à 5,5 %) d’impôt sur le revenu – ce qui concerne les revenus oscillant entre 6.011 et 11.991 euros annuels – et une éventuelle augmentation de la décote actuellement appliquée aux foyers ne payant pas plus de 1.016 euros d’impôt. Une déclaration qui n’a, pour le Premier ministre, que le mérite d’un effet d’annonce, puisque que les modalités, et notamment le calendrier, n’en sont point précisées. Pas avant 2015 en tout état de cause.
Quelques six millions – le chiffre est approximatif – de ménages seraient concernés par cette proposition, qui, au total, à savoir avec les mesures déjà envisagées, devrait économiser aux contribuables cinq milliards. A moins d’être repris ailleurs.
Cette suppression de la première tranche de l’impôt sur le revenu a manifestement pour objectif de se concilier les familles à revenus modestes, voire une partie de la classe moyenne. Mais, si elle était adoptée, cette proposition ne ferait que renforcer la vision socialiste de l’économie : on ne touche pas aux mesures protégées par l’idéologie (telles les trente-cinq heures) dont l’évolution pourrait permettre aux gens de gagner davantage, on diminue les charges de gens qui, ne payant déjà pas beaucoup d’impôts, ne percevront qu’à peine cette bouffée d’oxygène. Inutile même de parler de renforcement du pouvoir d’achat…
L’impôt et le socialisme demeurent
Quant aux autres, rien de changé. Pire même : puisqu’il faudra bien compenser la perte engendrée par cette chiche générosité. Et donc, si cette première tranche est supprimée, le seuil des tranches suivantes, qui affectent ceux qui gagnent davantage, seront alors abaissés. Autrement dit, certains ménages (et retraités « aisés ») considérés comme appartenant à la classe moyenne pourraient bien devenir bientôt des « salauds » de riches – qu’il est vrai François Hollande n’aime pas, lui qui en a fixé le seuil à 4.000 euros mensuels, bien en-deçà de ses propres revenus. Et les entrepreneurs continueront de plier sous le poids du socialisme.
Tout cela se mettra-t-il effectivement en place ? Rien n’est clair… « Je n’ai rien compris. J’attends les questions au gouvernement pour savoir de quoi il retourne », a même affirmé, paraît-il, un ministre évidemment demeuré anonyme. Mais c’est en tout cas l’esprit du système.