Poursuivi par l’AGRIF (Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne) – pour « provocation à la haine ou à la violence » envers les catholiques – pour un dessin représentant le pape Benoît XVI sodomisant un enfant, Plantu a été relaxé mardi par le tribunal correctionnel de Paris, qui a donc suivi le dessinateur dans sa défense : ce dessin dénonçait seulement le silence de l’Eglise face aux actes de pédophilie, et ne se voulait en aucun cas une insulte contre les catholiques.
Tout en reconnaissant que ce dessin a « légitimement pu choquer certaines personnes et singulièrement des fidèles en raison de l’atteinte portée à la dignité de la figure du pape », la justice estime que ce dessin « n’avait ni pour objet ni pour but de stigmatiser la communauté des catholiques ou même l’ensemble du clergé », mais seulement de « dénoncer, certes avec une violence qui, selon l’auteur, répond à celle qu’a constitué le silence institutionnel à l’égard des victimes, la réaction inappropriée de l’Église face à ces tragédies, qualifiée de “mur du silence” par le ministère fédéral allemand de la Justice ».
Plantu peut tout dessiner
Droit a donc été fait à la caricature « même excessive », comme l’a dit Me Charrière-Bournazel, avocat du dessinateur, estimant que, de ce fait, il ne pouvait « pas tomber sous le coup de la loi ».
Le tribunal a donc condamné l’AGRIF à verser à Plantu 2.000 euros pour les frais de justice, mais a cependant rejeté la demande de la défense de Plantu, qui demandait une condamnation pour procédure abusive.
L’AGRIF va faire appel
L’AGRIF, de son côté, a souligné ne pas pouvoir admettre une pratique de « crachat contre les Chrétiens », encouragée par un tribunal dans la mesure où elle ne frappe que la communauté catholique. Aussi Bernard Antony, son président, annonce-t-il dans un communiqué que « l’AGRIF, qui ne se résoudra jamais à cet état de fait, a donc décidé d’interjeter appel de ce jugement ».