La mise à l’amende des banques commence à devenir de plus en plus habituelle. Cette fois ce sont cinq établissements – Citibank, HSBC, JP Morgan Chase, Royal Bank of Scotland et UBS – qui vont devoir débourser 3, 2 milliards de dollars (2,5 milliards d’euros) à eux cinq pour ententes illégales et manipulation du marché des changes entre 2008 et 2013, période sur laquelle porte la surveillance de plusieurs autorités de régulation aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Suisse.
Encore s’agit-il d’un amende minorée pour ces banques puisqu’elles ont accepté de coopérer avec les autorités financières : cela a permis de diminuer la note de 30 %. Barclays, qui faisait partie du groupe surveillé, a refusé la négociation collective au bout du compte et poursuivra ses pourparlers avec les autorités financières.
Pour les cinq autres, les sanctions ne s’arrêteront sans doute pas là puisque des poursuites pénales pourront être engagées contre les banques elles-mêmes ou contre les employés qui leur ont fait gagner beaucoup d’argent…
5.300 milliards sur le marché des changes
Le marché des changes internationaux, dont 40 % transitent par Londres, est l’un des plus « liquides » au monde et son flux quotidien et, également, le plus important : avec 5,3 mille milliards de dollars échangés chaque jour (87% des transactions impliquent d’ailleurs le dollar américain) il s’y négocie un volume vingt fois supérieur à celui de l’ensemble des Bourses mondiales. Maîtriser ne serait-ce qu’une petite part des taux permet d’obtenir des plus-values enviables.
C’est ce qu’ont fait un petit groupe de traders reliés via des programmes de « chat » en profitant des courtes secondes où les taux sont fixés, deux fois par jour, pour mettre en commun commandes, achats et ventes en vue de peser sur les taux, au détriment de leurs clients. L’idée consistait à acheter une devise à un taux donné et à la faire monter artificiellement par le volume de la transaction, puis de revendre avec ce profit, ou à l’inverse à réduire les volumes échangés pour peser sur les cours. La manipulation leur a rapporté de l’or mais elle était illégale. La mise en commun de ressources de plusieurs banques et la communication d’informations confidentielles sur les clients – en contournant les mesures de surveillance mises en place par les banques – constituent en soi des ententes illégales. Les banques sont notamment accusées de n’avoir pas mis en place des garde-fous assez sûrs pour empêcher ce type de comportement.
L’amende, une mise au pas des banques
On peut avoir une idée de la manière dont se fait cette mise au pas à travers le document mettant à l’amende JP Morgan Chase par la Commodity Futures Trading Commission aux Etats-Unis – où l’on découvre, en passant, des exemples du jargon grossier des traders dont quelques échanges sont rapportés.
Voilà qui met à mal l’idée de banques toutes-puissantes et d’une Haute finance libre de tout gouverner. Amendes, surveillances et autres contraintes imposées aux banques par les autorités nationales, et surtout supranationales, de régulation laissent entrevoir d’autres intérêts que ceux de la seule spéculation et du gain. La question au fond étant : qui rafle la mise – celle du pouvoir ?