Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission européenne, n’est pas au bout de ses peines : une première motion de défiance, sur la base du scandale LuxLeaks, a réuni contre lui l’ensemble des eurosceptiques du Parlement européen. Si elle n’a guère de chance d’aboutir, l’opération n’en est pas moins importante, car c’est la première fois que ces parlementaires, du Britannique Nigel Farage à la Française Marine Le Pen en passant par l’Italien Beppe Grillo, qui ont fait les choux gras des media, se retrouvent sur un objectif (pratique) commun.
Mardi donc, Nigel Farage a annoncé avoir déposé, au nom du groupe « Europe de la liberté et de la démocratie directe », une motion de censure pour tenter de démettre Jean-Claude Juncker. Dans un communiqué, il affirme avoir réuni « les 76 signatures d’eurodéputés nécessaires (…) dont 44 du EFDD et 32 de non-inscrits ». Parmi lesquels, la quasi-totalité des parlementaires européens du Front national ; exception faite de Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et Edouard Ferrand.
Les eurosceptiques font-ils le poids face à Juncker ?
En pratique, cette motion de censure – qui devrait être mise au vote la semaine prochaine à l’occasion d’une session qui se tiendra à Strasbourg – ne fait guère courir de risque au nouveau président de la Commission européenne. On imagine mal, en effet, alors que les groupes les plus importants ont soutenu la nouvelle Commission qu’une majorité (des deux tiers) puisse se dégager, moins d’un mois plus tard, pour défaire ce qui vient d’être fait – et, qui plus est, à l’instigation des eurosceptiques. Même au nom d’une certaine moralité économique, car, affirme le texte de la motion, il est « intolérable qu’une personne qui a été responsable d’un système d’évasion fiscale soit un représentant de l’Union européenne »…
Poil à gratter
Cependant, cette demande de démettre Jean-Claude Juncker et les siens empêche la nouvelle équipe, dont on peut voir les portraits en une immense photo sur les murs officiels de la Commission, de s’installer dans la sérénité. Plus grave peut-être, elle fixe le M5S de Beppe Grillo, qu’on n’avait plus guère entendu depuis son arrivée à Bruxelles, dans une posture eurosceptique dont on avait pu croire qu’elle relevait surtout du folklore – et ce malgré une tentative des écologistes de l’attirer à eux.
Enfin, le vote pourrait intervenir au moment même de la visite, mardi prochain, du pape François au Parlement européen, ce qui, quelle qu’en soit l’issue, pourrait faire, on le conçoit bien, un peu désordre !