L’Union européenne est en panne, en panne économique ! On y parle plus que dettes, déficits, et autres joyeusetés du même ordre. Jean-Claude Juncker en a bien conscience, qui doit présenter mercredi, devant le Parlement européen, un fonds d’investissement, garanti par Bruxelles, pour en relancer la machine économique. Somme jugée nécessaire pour y parvenir : 300 milliards d’euros sur trois ans… Le nouveau président de la Commission européenne compte sur le budget européen, et la Banque européenne d’investissement pour y parvenir. Sans emprunter, assure-t-on dans son entourage.
Juncker et l’Union européenne s’inspirent de proposition de … 1993 !
Le projet s’inspirerait, selon certaines sources bruxelloises, du Livre blanc de Jacques Delors en 1993, avec notamment son programme d’infrastructures d’intérêt européen dans les secteurs du transport et de l’énergie. Comme quoi le système ne se renouvelle guère. Depuis Keynes et même Napoléon III.
Relancer la machine à coups de milliards. Venus d’où ?
La dotation de ce nouveau fonds pourrait être de 21 milliards. Un chiffre qui n’est pas encore officiellement arrêté cependant, et n’a été lancé que comme « ballon d’essai pour voir les réactions »… Avec, espère Jean-Claude Juncker, un effet levier, permettant de mobiliser dix à quinze fois plus de fonds privés.
Pas question donc de mobiliser de nouveau les Etats-membres, déjà lourdement endettés, et qui rechignent, pour la plupart, à entendre parler de mettre encore la main à la poche.
On souligne, à Bruxelles, que la Banque européenne d’investissement pourra se permettre des investissements à risque, compte-tenu de la garantie du budget européen. « Il faut pour cela, ajoute un autre de ces anonymes sans visage, parachever le marché unique avec le secteur financier et donner de la transparence aux investissements qui utilisent l’argent public en Europe. » Il faudrait aussi que l’Union européenne ne donne pas un trop mauvais exemple en matière de budget, alors que, avec plus de 30 milliards d’arriérés de paiement, elle n’arrive pas à boucler le sien…
Tensions économiques toujours vives
On ne sait donc si les députés européens se déclareront séduits par le système, mais, pour l’heure, il ne paraît pas si transparent que les investisseurs privés puissent avoir, d’un seul coup, envie d’investir dans ce nouveau « machin », plus qu’ils ne l’ont fait jusqu’ici en ce domaine. Et il n’est pas sûr que les politiques, déjà échaudés sur cette question économique, et pour un certain nombre en délicatesse avec l’Union européenne sur les questions de déficit, y croient davantage.
D’autant que les projets qui pourraient être sélectionnés, au titre de ce nouveau fonds, par Bruxelles, pourraient bien ne pas avoir grand-chose à voir avec les quelque 1.800 projets déjà présentés par les Etats-membres. Lesquels peuvent donc dès lors se poser la question de l’impact de la proposition Juncker sur la croissance et sur l’emploi.
La crédibilité de la Commission est en jeu, assure-t-on. Et c’est la deuxième fois en moins d’une semaine…