L’ancien Premier ministre polonais Donald Tusk a pris lundi ses fonctions de président du Conseil européen, succédant ainsi au Belge Herman Van Rompuy. A l’occasion de son premier discours à ce poste, il a promis d’exercer son mandat avec fermeté et de combattre la crise économique avec une « détermination impitoyable ». Ca nous changera.
Première véritable entrée en matière pour Donald Tusk, le prochain sommet européen qui se tiendra à Bruxelles les 18 et 19 décembre prochains. Le nouveau président du Conseil européen sait qu’il sera attendu sur un certain nombre de sujets cruciaux à cette occasion, même si sa marge de manœuvre se limite à l’organisation de ces sommets, et à un rôle de médiateur entre les responsables politiques de vingt-huit Etats-membres de l’Union. Un rôle qui, en cette période de crise qui n’en finit plus, n’est pas aussi négligeable qu’on pourrait le supposer…
« Détermination impitoyable » pas seulement en économie
D’autant que le Polonais Donald Tusk, pour être un membre récent de l’Union européenne, sait apparemment tout des difficultés qui secouent l’Europe, aussi bien dans ses vieilles que dans ses nouvelles composantes : si l’euroscepticisme progresse, ce n’est pas seulement, estime-t-il, du fait des mauvais résultats, ou de la mauvaise situation, de l’Union européenne ; c’est aussi parce que, chez un nombre non-négligeable – et peut-être grandissant – des nations qui la composent les interrogations sur la réalité des fondements de cette Union se font de plus en plus vives.
Aussi n’est-ce pas seulement à la crise ukrainienne que Donald Tusk a semblé vouloir répondre en déclarant : « Nous avons aussi affaire à des ennemis, pas seulement à des sceptiques. La politique est de retour en Europe. L’Histoire aussi. En cette période, nous avons besoin de détermination et d’unité. »
Le propos peut paraître convenu, en une telle circonstance. Ce qui est sûr, c’est que le nouveau président du Conseil européen fera, à coup sûr, partie des principaux boucs émissaires si, demain, les difficultés qui préoccupent l’Europe amènent ses Etats-membres à s’entre-déchirer.
Le Polonais Donald Tusk exhorte à l’unité
Pour répondre à ce futur qui pourrait devenir inquiétant, Donald Tusk a lancé : « L’Europe doit assurer la sécurité de ses frontières et soutenir ceux qui, aux alentours, partagent nos valeurs. » Sans doute imaginait-il, ce disant, répondre à la fois aux détracteurs et aux sectateurs de l’Union européenne. Sans répondre toutefois à la question lancinante qui divise les deux camps : est-il possible d’assurer ses frontières en prétendant les ouvrir ?
Derrière cette question de principe, mais qui commande, si l’on peut dire, quasiment toutes les autres, un certain nombre de sujets demandent à être réglés aussi rapidement que possible. Tel que le traité de libre-échange que négocient les Etats-Unis et l’Union européenne. Chacun envisage, à l’heure actuelle, être en mesure de faire entendre raison à son partenaire. Mais il n’est pas sûr que le poids commercial soit favorable, en ce moment, à la vieille Europe… Même si Donald Tusk, qui a eu le président américain Barack Obama au téléphone, commente : « Nous sommes convenus d’intensifier nos efforts en vue de parvenir à un accord ». La question demeure : sur quoi ? Acceptable pour qui ? Mais on n’a pas demandé aux peuples d’Europe ce qu’ils en pensent, on ne les a même pas mis au courant de ce qui se passe.
Multiplication de difficultés pour le nouveau président du Conseil européen
La question économique n’est pas la seule à laquelle le nouveau président aura à faire face. Ni même la pire – même si le fait que la Pologne n’appartienne pas à la zone euro n’arrange pas les choses pour Donald Tusk ! Il lui faut également songer aux délicates difficultés qui opposent Bruxelles à Moscou – pas seulement à propos de l’Ukraine. Et à la tension britannique qui, si elle n’est gérée de façon suffisamment diplomatique, pourrait voir Londres décider de quitter, plutôt tôt que tard, une communauté européenne que ses ressortissants supportent de plus en plus mal. Et ils ne sont pas les seuls…
« L’Europe doit être forte sur la scène internationale », a déclaré Donald Tusk. Il lui faudra sans doute en convaincre d’abord ses propres membres. Et il lui faudra sans doute plus, pour y parvenir, que d’agiter la petite clochette, symbole de sa fonction, que Herman Van Rompuy lui a remise en quittant la place !