Les gardes-frontières postés sur la frontière entre la Pologne et la Biélorussie ont fait savoir vendredi qu’ils avaient repoussé la veille 105 clandestins cherchant à entrer illégalement dans l’Union européenne. Les migrants ont été amenés depuis Moscou de manière « organisée », selon la police des frontières, et le groupe était essentiellement constitué de ressortissants du Sri Lanka, du Soudan, d’Egypte et d’Ethiopie.
« Tous possédaient des visas touristiques russes ainsi que des permis de travail obtenus récemment. Ils sont arrivés au Bélarus depuis Moscou par transport organisé », affirme le communiqué officiel.
Des migrants africains et asiatiques amenés depuis Moscou
Près de 1.600 candidats à l’entrée illégale sur le territoire de l’Union européenne ont déjà tenté de franchir la frontière entre la Biélorussie et la Pologne depuis le début du mois. Certaines tentatives se font via la rivière Wołkuszanka ; ainsi, cinq étrangers en provenance du Congo et du Cameroun passés d’abord par la Russie ou ses Etats frères ont tenté la traversée dimanche, pour éviter la barrière sous contrôle électronique érigée par la Pologne et défendue par un nombre croissant de forces militaires alors que la pression biélorusse s’accroît.
Dimanche, ce sont au total 159 migrants, parmi lesquels des Népalais, des Ethiopiens et des Indiens, qui ont été repérés et repoussés, notamment grâce au dispositif d’alerte qui permet aux gardes de dépêcher des patrouilles vers les points de tentative traversée de la barrière d’acier de 5,5 mètres de haut érigée tout au long des 186 kilomètres de frontières entre la Pologne et la Biélorussie. Seuls deux points de passages frontaliers légaux sont ouverts, jusqu’à nouvel ordre.
Depuis le début de l’année, les services de surveillance ont déjoué 20.000 tentatives de franchissement de la frontière entre le Bélarus et la Pologne ; une cinquantaine de nationalités étaient représentées parmi les clandestins. Bien entendu, ces chiffres ne disent rien d’éventuelles entrées clandestines réussies.
La Pologne face à de nouvelles vagues de migrants avertit face à la menace russe
Le ministre délégué de l’Intérieur de Pologne, Maciej Wąsik, a accusé ce lundi la Russie et le Bélarus d’organiser une campagne massive d’acheminement de migrants clandestins vers la Pologne afin de déstabiliser l’Union européenne, à l’heure où la Lettonie fait également face à un afflux croissant de ressortissants du tiers-monde depuis le bloc russe.
Alors que le gouvernement polonais en place, issu du mouvement Droit et Justice, essuie les critiques du chef de l’opposition, l’ancien président du conseil des ministres de Pologne puis du Conseil européen, Donald Tusk, au sujet du barrage aux frontières du Bélarus, le ministre de la Défense Mariusz Błaszczak a également présenté ce lundi sur les réseaux sociaux une question supplémentaire pour le referendum général auquel sont appelés les Polonais le 15 octobre prochain : « Soutenez-vous la suppression de la barrière à la frontière entre la République de Pologne et la République de Biélorussie ? »
« Pour nous, la voix des Polonais ordinaires est toujours décisive. Les questions les plus importantes, celles qui affectent la sécurité, doivent être décidées par les citoyens. La Pologne peut devenir la prochaine cible de Poutine, et notre sécurité est vraiment menacée. C’est pourquoi nous renforçons constamment l’armée polonaise et la construction d’une barrière à la frontière avec la Biélorussie et la Russie », a-t-il souligné dans un spot diffusé sur X (ex-Twitter).
« Donald Tusk et son équipe ont d’abord liquidé des unités militaires dans l’est de la Pologne, puis nous ont critiqués pour avoir construit une barrière à la frontière avec la Biélorussie, et enfin ont annoncé sa liquidation. (…) Nous ne laisserons pas la Pologne impuissante face à l’agression croissante de Poutine », a-t-il ajouté.
Pendant ce temps, la Biélorussie augmente la pression sur les zones frontalières polonaises où des habitants témoignent de passages d’hélicoptères traversant la frontière à basse altitude pour déjouer la surveillance radar : deux hélicoptères militaires sont ainsi accusés d’avoir survolé des habitations du village de Bialowieza le 1er août à quelque 25 mètres d’altitude. Selon le leader biélorusse d’opposition Pavel Latouchka, actuellement en exil en Pologne, ces opérations font partie du « jeu » militaire et d’information du pouvoir biélorusse, destiné à déstabiliser les voisins polonais et baltes en vue de leur faire détourner des forces vers ces zones et de réduire leur capacité à venir en aide à l’Ukraine.