Dans le dernier numéro du journal Bioethics, le « spécialiste de bioéthique » Roland Kipke affirme que si le suicide assisté est reconnu comme un droit, la société devrait permettre à des entrepreneurs de faire commerce d’une mort sans souffrance, qu’il appelle le « suicide assisté commercialement » (CAS).
Des entreprises commerciales permettraient aux suicidaires d’être accompagnés de façon sérieuse, contre rémunération. Dans la majorité des cas, cette assistance consisterait en l’injection d’une dose létale, peut-être même accompagnée de conseils durant le suicide.
Le CAS engendrerait donc un métier et un commerce exercés par du personnel non-médical dont ce serait le métier.
L’idée n’est pas nouvelle puisqu’elle avait déjà été proposée dans les années 90 par d’autres spécialistes, et que l’Ecosse voudrait la mettre en place – la Suisse ayant déjà autorisé l’existence de cliniques spécialisées dans le suicide assisté.
Le projet de Roland Kipke mettrait la médecine hors circuit. Certains médecins refusent en effet de tuer, et les adversaires de la légalisation du suicide assisté soulignent la vocation de la médecine à protéger la vie. Avec le CAS, le suicide assisté n’aurait besoin d’aucun médecin : la conscience des praticiens ne serait donc pas sollicitée.
Si on refuse le commerce, on doit refuser le suicide assisté
Que penser de ces entrepreneurs du suicide qui trouveraient un intérêt pécuniaire dans la mort de leurs clients ? Pour ce spécialiste de bioéthique, cela ne présente pas d’inconvénient, au contraire : cela éviterait l’influence sur le jugement du client de son médecin, en qui il a naturellement confiance. Ainsi sa décision serait réellement indépendante.
Pour Kipke, si l’on n’a pas d’objection au suicide assisté, on ne saurait en avoir non plus contre les CAS. L’un et l’autre posent le même problème éthique. Si l’on refuse une société dans laquelle le suicide deviendra un service normal et banal, alors on doit aussi refuser le suicide médicalement assisté. Car pour Kipke c’est sûr : le suicide assisté ne relève pas de la médecine.
Ce « spécialiste de bioéthique » se garde de préciser s’il est pour ou contre la légalisation du suicide assisté, il se contente de montrer pourquoi la mort deviendra inévitablement un commerce comme les autres s’il est autorisé.