Une Canadienne consultant pour idées suicidaires se voit conseiller le suicide assisté

Canadienne conseiller suicide assisté
 

Une Canadienne qui avait consulté en raison d’idées suicidaires a eu le « choc » de voir le praticien chargé d’évaluer son cas lui proposer l’assistance médicale à mourir (AMM), c’est-à-dire l’euthanasie. Kathrin Mentler, 37 ans, de Vancouver (Colombie-Britannique), a souffert de dépression pendant la grande partie de sa vie et a même plus d’une fois tenté de se suicider, des tentatives heureusement manquées, grâce notamment au personnel médical qui l’avait prise en charge. La jeune femme se forme actuellement pour devenir conseillère auprès de personnes souffrant de ce type de problèmes.

Quelle n’a pas été sa surprise de se voir proposer le suicide assisté lorsqu’elle s’est présentée, en juin dernier, au centre d’accueil et d’évaluation de l’hôpital général de Vancouver… Scandalisée, elle a parlé de son aventure à plusieurs médias locaux.

 

Conseiller le suicide assisté à une dépressive : c’est possible au Canada

« Ce jour-là, mon objectif était d’assurer ma propre sécurité. Je pensais peut-être essayer de me faire admettre à l’hôpital parce que j’étais en crise », a-t-elle raconté au journal The Tyee. « Je me suis très précisément rendue au centre ce jour-là parce que je ne voulais pas me retrouver dans une situation où je penserais à prendre une overdose de médicaments », témoignait-elle encore auprès du Globe and Mail.

Ayant rempli son formulaire d’admission, Kathrin Mentler avait été emmenée dans une petite pièce pour parler en toute discrétion avec une femme médecin pour détailler à la fois ses antécédents en matière de santé mentale ainsi que de son angoisse du moment devant une vie quotidienne qui lui paraissait « écrasante ».

Réponse du médecin : le service psychiatrique était « débordé », il n’y avait pas de lits : « Le système est cassé. » Elle ajouta : « Avez-vous pensé à la MAID ? »

C’est l’acronyme de medical assistance in dying (aide médicale à mourir) au Canada, mais le mot lui-même peut s’entendre comme « domestique », « bonne à tout faire ». Kathrin Mentler en fut tellement déconcertée qu’elle croyait se voir conseiller de prendre une aide-ménagère : « J’ai pensé que c’était, genre, une femme de ménage qui nettoie les chambres. »

 

La Canadienne qui ne voulait pas de la MAID

Elle a vite compris que la praticienne lui conseillait en fait de se supprimer. Comme la patiente avait expliqué avoir déjà pris des surdoses de médicaments, elle s’entendit dire que cette méthode peut entraîner des lésions cérébrales et d’autres dégâts, et que l’assistance médicale à mourir pouvait offrir un processus « plus confortable » au cours duquel on lui administrerait des benzodiazépines sédatives, entre autres médicaments.

Kathrin Mentler a en outre témoigné de ce que son interlocutrice avait évoqué son « soulagement » en apprenant qu’un autre patient souffrant de troubles mentaux s’était noyé : « Cela m’a donné l’impression que ma vie ne valait rien ou qu’il s’agissait d’un problème qui pouvait être résolu si je choisissais la MAID », raconte-t-elle aujourd’hui.

Dans un communiqué, l’hôpital général de Vancouver a confirmé que le personnel est formé « pour explorer toutes les options de soins disponibles » pour les patients suicidaires et pour effectuer une évaluation clinique du patient « qui peut inclure des questions pour savoir s’il a envisagé la MAID dans le cadre de ses projets ».

En principe, cette aide au suicide n’est pas ouverte aux personnes ayant des affections psychiatriques, et la loi la réserve théoriquement aux personnes en phase terminale de maladie, mais à l’évidence, il est au moins un hôpital au Canada qui juge normal de donner les détails, voire de dépeindre les « avantages », de la mort médicalement administrée à une personne qui souffre précisément d’idées suicidaires, et cherche à les surmonter.

 

Au Canada, euthanasie et suicide assisté sont en progression fulgurante

Légalisée en 2016, la MAID a connu un succès fulgurant, souvent avec la complicité du personnel soignant qui la propose aux patients pour toutes sortes de raisons telles que le handicap – même les nouveaux retraités sont « informés » à son sujet. En 2021, 3,3 % de tous les décès au Canada étaient déjà provoqués par une assistance médicale à mourir, soit 10.000 patients tués par leur médecin : cela représente une augmentation de 32 % par rapport à l’année précédente. Le Québec a même aujourd’hui le taux d’euthanasie le plus élevé au monde.

La situation devrait empirer l’an prochain, puisque l’on discute d’une extension de la loi en vue de faire « profiter » de l’euthanasie ou du suicide assisté les personnes souffrant de maladies mentales : on imagine l’effet que peut avoir sur une personne dépressive la proposition d’en finir « en douceur » (comme si la mort par empoisonnement médicamenteux était une mort douce et souhaitable).

De tels conseils méconnaissent notamment le fait que selon des études, jusqu’à 60 % des dépressions disparaissent au bout d’un an, y compris sans traitement spécifique, et que les médecins se trompent près d’une fois sur deux lorsqu’ils annoncent qu’un patient dépressif ne se remettra jamais, rapporte The New American.

Celui-ci commente : « Dans un pays où la vie est de plus en plus dévalorisée et où le gouvernement paie la facture des soins de santé – on sait que le Parlement a calculé les économies qu’il réaliserait en élargissant la MAID – le train de l’euthanasie ne montre aucun signe de ralentissement. »

 

Jeanne Smits