Au Canada, des personnes à la retraite, en bonne santé, reçoivent un courriel promouvant l’euthanasie

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Bienvenue en retraite ! Mais réfléchissez quand même… vous pouvez l’écourter, si besoin. C’est un peu le message reçu par toutes ces personnes âgées, avec le terrible diaporama envoyé par l’une des autorités de santé les plus importantes du Canada. Sous prétexte d’information, on promeut et on exploite les difficultés physiques ou mentales de chacun, existantes ou à venir – et il n’est plus question de mort « raisonnablement prévisible » comme cela était spécifié dans la loi originelle.

Le Canada est le théâtre d’une offensive radicale en vue de l’élargissement de l’euthanasie, y compris vers les enfants : les hôpitaux catholiques pourraient même se voir bientôt contraints de la proposer.

 

« Vouloir mourir » en un mois et demi ou moins, à l’âge de la retraite

Le diaporama PowerPoint dont il est question proviendrait de la Fraser Health Authority qui est l’une des autorités sanitaires les plus importantes du Canada : elle gère 12 hôpitaux en Colombie-Britannique et fournit des soins de santé à plus de 1,8 million de personnes. Insérées dans un bouquet d’informations sur le régime de retraite, ces images ont fait activement la promotion de l’euthanasie, auprès d’un groupe de patients en bonne santé. Le Daily Mail l’a obtenu et nous en a donné un rapport détaillé le 1er juillet.

Quels peuvent être leurs arguments ?! C’est toujours le même mirage qu’on fait miroiter : l’idée de liberté et de volonté personnelles. Le suicide médical peut « favoriser un sentiment de contrôle », peut-on lire. C’est une simple question de « vouloir mourir ».

Le courriel évoque un « système de suivi » qui énonce les options possibles pour l’euthanasie, lorsque la mort naturelle est « raisonnablement prévisible » ou même lorsqu’elle est « non raisonnablement prévisible ». Pour les personnes qui ne sont pas en fin de vie, mais souffrent de symptômes variés tels que douleur chronique et fibromyalgie, les patients ne subissent que 90 jours d’évaluations selon l’agence de santé. Pour les autres, il n’y a pas de période d’attente : il est indiqué que le processus de suicide « peut prendre un jour », une fois la demande déposée.

 

La mort sanctionnée par le ministère de la Santé

Rappelons que ce critère euthanasique, relatif aux circonstances de fin de vie, a été retiré via la loi C-7, votée en mars 2021 : l’Aide Médicale à Mourir est devenue ouverte, sinon à tous, du moins à beaucoup. Et le gouvernement canadien fait de son mieux pour accélérer son élargissement : il a annoncé son intention de permettre aux personnes atteintes de maladies mentales d’être euthanasiées, ce qui devrait entrer en vigueur en mars 2024. Il avance des plans pour inclure également, dans ces programmes, les enfants (bien que le rapport préconisant le suicide assisté, sans le consentement parental, pour les « mineurs matures » dont le décès est « raisonnablement prévisible », soit très contesté).

Depuis que le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau a légalisé l’euthanasie en 2016, les chiffres vont croissant et inquiètent. Rien qu’en Colombie-Britannique, quelque 2.515 personnes ont été euthanasiées, en 2022, soit 24 % de plus par rapport à l’année précédente (nous sommes à + 35 % sur l’ensemble du Canada).

A moins qu’un nouveau gouvernement fédéral conservateur ne soit élu, ce qui n’est pas éminemment probable, le chemin vers ce « crime contre la vie humaine », tel que le définit l’enseignement officiel de l’Eglise catholique, s’élargira. Aux cris d’orfraie abolissant en Occident la peine de mort, ont succédé les voix doucereuses et faussement compassionnelles invitant les victimes au même sort, sous prétexte de liberté (post-moderne).

Bien évidemment, nombre de familles remontent de sombres situations où les uns et les autres ont été enjoints ou contraints de subir ou de faire subir une euthanasie. L’année dernière, les deux filles d’une patiente euthanasiée ont réclamé une enquête policière : leur mère souffrait de dépression liée à une commotion cérébrale subie dans un accident de voiture lorsqu’elle a demandé une AMM trop rapidement accordée. Il est plus vite fait de tuer que de soigner.

En décembre dernier, c’est à une ancienne combattante et ancienne paralympienne qu’a été proposée l’euthanasie, parce qu’elle se plaignait des retards dans l’installation, au sein de sa résidence, d’un élévateur pour fauteuil roulant… Une autre ancienne combattante, Kelsi Sheren, pourtant pro-euthanasie, a été néanmoins outrée de ce manque de respect : « Quand vous prenez des gens qui étaient prêts à mettre leur vie en jeu pour vous, pour votre sécurité, et que vous avez l’audace de leur dire que ce serait mieux s’ils en venaient à mourir… c’est l’une des choses les plus révoltantes ! »

 

Le Canada, fer de lance de l’euthanasie ?

Fort heureusement, il y a encore, au Canada, des espaces de (vraie) liberté, où l’on peut bénéficier de soins, dans le respect total de la vie et de la dignité de la personne humaine. Mais jusqu’à quand ? Là aussi, l’offensive est grande.

Certains groupes pro-euthanasie font pression sur le gouvernement de Colombie-Britannique pour qu’il oblige les hôpitaux catholiques de la province à proposer l’euthanasie en option aux patients qui la demandent. Pour le très agressif Dying with Dignity Canada, groupe de lobbying puissant, débordant d’argent et de favoritisme politique, le gouvernement devrait avoir comme politique de ne pas leur accorder de financement annuel s’ils s’y refusent, alors même que les hôpitaux catholiques ont le même statut que les autres, à savoir qu’ils sont sans but lucratif et ne vivent que de l’argent des contribuables.

« S’ils obtiennent ce qu’ils veulent, cela signifie qu’il n’y aura pas de sanctuaires pour les mourants, qu’ils soient basés sur la foi ou purement axés sur les soins palliatifs », a déclaré la présidente de l’établissement de soins Delta Hospice Society (DHS) à LifeSiteNews.

Le bras de fer a déjà commencé : en mars 2021, la Fraser Health Authority a annulé le bail accordé au DHS pour son refus de compromettre son éthique anti-euthanasie. Dying With Dignity Canada a même tenté l’année dernière une prise de contrôle hostile de son conseil d’administration.

Pour la présidente du DHS, Dying with Dignity Canada « s’en prend aux catholiques », et doit cesser. « En fait, ils s’en prennent à tous les croyants dont les organisations sont exemptées d’être forcées de tuer les personnes dont elles s’occupent. (…) Ils veulent imposer une saturation complète des procédures d’euthanasie dans toutes les options de fin de vie »

Pourra-t-on bientôt échapper à la culture de mort ? La Coalition pour la prévention de l’euthanasie (EPC) a lancé une pétition au ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, Adrian Dix, lui demandant de s’opposer à ce que les hôpitaux catholiques soient obligés de fournir une « aide médicale à mourir ».

 

Clémentine Jallais