Il ne s’est pas passé 24 heures entre la condamnation d’Eloïse Bouton pour « exhibitionnisme » à l’église de la Madeleine et une nouvelle provocation des Femen, au même endroit, avec le même mode opératoire. Seule l’identité de la militante a changé : Eloïse Bouton a, depuis, quitté le mouvement et sans doute n’aurait-elle pas voulu risquer la prison dans le cadre de sa condamnation à un mois avec sursis. C’est donc une autre jeune femme qui a pris position, seins nus, sur les marches de l’autel de l’église parisienne, brandissant un code civil et portant sur la poitrine cette inscription : « 345e salope ».
Comme Eloïse Bouton, cette Femen portait un voile bleu et une couronne de fleurs rouges. L’objectif était un peu différent : exiger une redéfinition de l’« exhibition sexuelle » au nom de quoi Mlle Bouton a été condamnée : on le sait, les Femen prétendent qu’exhiber leur corps n’a rien à voir avec un attentat à la pudeur, et tout avec un acte politique. Mais à quoi serviront leurs provocations le jour où elles seront codifiées par la loi ?
Une provocation politiquement correcte
Elles le sont d’ailleurs déjà. En affichant également dans le chœur d’une église catholique son soutien à l’avortement – après la « 344e », la « 345e salope » n’a fait que réitérer les revendications de celles qui invoquaient leur propre avortement clandestin pour faire légaliser l’« IVG » – cette Femen est parfaitement en phase avec le politiquement correct.
Faut-il le rappeler ? L’avortement a été proclamé « droit fondamental » par une résolution à l’Assemblée nationale, l’entrave à l’IVG est un délit, la pression morale pour empêcher une femme d’avorter est punissable de 30.000 euros d’amende et de deux ans de prison. Eloïse Bouton et son émule, avec leurs seins à l’air, sont finalement dans l’air du temps.
Le goût de la provocation et du blasphème de ces jeunes femmes s’exerce sans grand risque contre l’Eglise catholique. Si cela pouvait être au moins annonciateur d’une avancée de la culture de vie… Ces Femen qui dénoncent l’exploitation de la femme précisément là où elle est protégée dans toutes les dimensions de son identité, contre son ravalement au rang d’instrument de plaisir, auraient-elles quelque chose à dire sur la prophétie de Paul VI sur sa dégradation dans Humanae Vitae ? Ne rêvons pas.
La Madeleine : récidive des Femen, sursis inopérant
Notons que cette irruption à la Madeleine a bénéficié de moins de couverture médiatique que la première. Peu de presse, un photographe. L’action a été aussitôt « tweetée ». Et relayée par Radio Notre-Dame. Selon le curé, Bruno Horaist, elles sont deux Femen à être entrées dans l’église et à s’être « déproitaillées » et l’action a duré deux minutes, avant qu’elles ne soient reconduites poliment vers la sortie. Il a porté plainte.
Cette riposte à la justice pose une question. Eloïse Bouton a été condamnée avec sursis : l’ex-Femen risque la prison ferme en cas de récidive – ce qui ne devrait pas se reproduire puisqu’elle a pris ses distances avec le mouvement féministe. La « 345e » salope a, peut-on supposer, un casier judiciaire vierge. Elle ne risque donc pas grand-chose non plus. Dans un vivier de profanatrices et de provocatrices professionnelles comme celui des Femen, la menace de sursis est inopérante. C’est le mouvement qui récidive, pas les individus. Il n’est pourtant pas près d’être dissous.