La compagnie Qatar Airways a pris livraison, lundi à Toulouse – et donc avec quelques jours de retard sur la date initialement prévue –, du premier Airbus A350. Ce long-courrier de dernière génération est appelé, selon les instances dirigeantes d’Airbus, à conquérir la moitié d’un marché évalué à 1.000 milliards de dollars. Pour Fabrice Brégier, le PDG de la société, le calcul est simple : il y faut 5.000 long-courriers coutant environ 200 millions de dollars chacun. La moitié signifierait donc, pour Airbus, 2.500 A350… Un joli exploit en perspective !
D’autant que, pour l’heure, l’avionneur espère atteindre une cadence de production de dix avions par mois d’ici 2018 – soit cent vingt par an. On le voit, ce n’est pas encore demain que le nouveau fleuron d’Airbus dominera le ciel. Mais c’est à ce moment-là que l’A350, qui générera 34.000 emplois, commencera vraiment à rapporter de l’argent, estimait mardi le PDG : « Nous pensons commencer à devenir rentables vers la fin de la décennie, donc vers 2019, et, à partir de là, il [l’A350] sera un des plus gros contributeurs à la profitabilité d’Airbus. »
Les atouts de l’A350
Il faut dire à son avantage que l’avion a quelques atouts. Majoritairement constitué de fibre de carbone, il peut ainsi réaliser une économie de carburant de 25% sur son concurrent le Boeing 777, et de 6% sur le 787. L’argument est, évidemment, particulièrement intéressant pour les compagnies aériennes. Par ailleurs, équipé de moteurs Rolls-Royce, l’A350 peut transporter 315 passagers sur une distance de 14.500 kilomètres.
D’ores et déjà, les débuts commerciaux sont prometteurs : 778 commandes fermes ont été enregistrées, provenant de plus de quarante compagnies aériennes, dont 80 par la compagnie Qatar Airways. A 290 millions de dollars au catalogue, c’est un joli cadeau de Noël…
Le dernier Airbus à la conquête du marché
En attendant, pas de nouvelle livraison prévue avant février – toujours pour Qatar Airways, qui devrait recevoir sept des quinze avions dont la livraison est prévue en 2015. Les autres iront à Vietnam Airlines, et à Finnair. Quant aux compagnies européennes, telles Air France ou Lufthansa, ce sera pour 2017 – au mieux –, voire 2018.
Ainsi, après avoir pris, au tournant des années 2000, un retard qualifié de sérieux par les spécialistes sur son concurrent Boeing, Airbus revient donc avec le vent en poupe – et un « programme profitable », selon Didier Evrard, l’ingénieur qui a dirigé le projet A350. Et c’est aujourd’hui Boeing qui se voit contraint de rattraper son retard… Mais il y a fallu « sept ans de sprint à cent à l’heure », comme dit encore le patron du programme, plus de 7.000 ingénieurs. Et dix milliards d’euros.
Tant mieux donc pour l’avionneur européen qui souhaiterait désormais, semble-t-il, et comme son concurrent américain, ne plus se lancer dans les nouveautés, mais toucher enfin les dividendes de ses derniers programmes.