Un chercheur du IHS Jane’s Defence Industry and Markets Intelligence Centre, Matthew Willis, s’est intéressé à l’approche stratégique de la Chine dans l’Océan arctique et à la manière dont elle est perçue par ailleurs.
La présence commerciale de la Chine dans l’Océan arctique est encore très limitée et sa présence navale proche de zéro. Mais plus l’Océan arctique devient accessible, plus son intérêt pour la zone risque de croître.
La présence de la Chine, encore très polluante, a toutes les raison d’inquiéter les six Etats de l’Océan arctique, à savoir les Arctic Five : Canada, Danemark (via le Groenland), Norvège, Russie et Etats-Unis, et aussi l’Islande. Ces pays tentent en effet de conserver un équilibre entre la protection environnementale et un développement correct dans la région.
La Chine excipe de son intérêt dans la recherche sur le réchauffement climatique
Les intérêts chinois dans la région restent donc sujets à de grandes discussions entre diplomates. Selon les déclarations chinoises officielles, la recherche sur le réchauffement climatique est précisément la raison première de son intérêt pour la région.
Mais nombreux sont les analystes à penser que l’accès aux lignes maritimes de communication ainsi qu’aux ressources naturelles de l’Arctique sont également visés par la Chine.
Certains gouvernements, qui avaient accepté de donner à la Chine un statut d’observateur au Conseil de l’Arctique en 2013, restent mal à l’aise face à cette volonté de la Chine d’« améliorer la compréhension mutuelle et la confiance », se demandant si cela ne serait pas « une demande déguisée de mettre en cause le statu quo pour revoir les intérêts de la Chine ».
La Chine a plusieurs moyens de faire pression pour investir en Arctique
Si les risques de conflit demeurent faibles en Arctique – pêche ou navigation sont les seuls points de friction dont on parle – la Chine la convoite et tente de s’y imposer par le biais d’instances internationale telles que les Nations-unies ou l’International Maritime Organization, afin de mobiliser des forces influentes pour précipiter une « entente ». Solution longue et incertaine.
La Chine pourrait également utiliser l’économie comme levier, en menaçant de retirer ses investissements de projets-clés de la région. Plusieurs pays, au-delà même du Canada, de la Russie ou des Etats-Unis pourraient en subir les conséquences.
La Chine pourrait également utiliser ses forces navales, même si la présence de son armée pourrait être contre-productive : l’Arctique a une très faible priorité pour la Chine qui concentre son attention sur ses mers côtières.
Il est difficile par ailleurs d’imaginer que la Russie puisse laisser s’installer une force étrangère dans l’Arctique.
Mais la présence de la Chine reste non négligeable : elle pourrait lancer prochainement un second brise-glace dans l’Océan arctique.