Le nouveau gouvernement grec d’Alexis Tsipras se trouve bien isolé, pour ses premières rencontres officielles, face à ses partenaires de la zone euro.
L’Eurogroupe doit en effet débattre dans les jours à venir du soutien financier à la Grèce et ce à la veille du Conseil européen de Bruxelles qui devrait réaffirmer son opposition à toute idée d’abandon de la dette grecque. L’Europe, dans sa grande majorité, sait ne plus avoir les reins assez solides pour se permettre une telle libéralité.
Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, devra donc s’expliquer sur ses projets de réforme et de gestion des finances publiques devant des partenaires européens a priori réticents. La réunion préparatoire, jeudi, a abouti au constat que les propositions, de part et d’autre, étaient contradictoires. « C’était la Grèce contre tous les autres, un contre dix-huit pour faire simple », a déclaré un responsable évidemment anonyme.
L’Europe est peu encline à écouter la Grèce
Il est vrai que, dans cette affaire pécuniaire, Berlin donne le ton sans qu’aucun des autres pays de la zone euro soit en mesure de faire entendre une voix discordante. Comment le faire d’ailleurs, quand chacun est bien conscient que l’abandon, fut-il minime, d’une partie de la dette grecque viendrait saper les finances de ceux qui voudraient se montrer généreux à son égard ?
Ainsi le ministre portugais de l’Economie, Antonio Pires de Lima, a-t-il jugé que la Grèce devait respecter ses engagements financiers. Mais, en l’état actuel d’une économie atone, on imagine mal Lisbonne tenir un autre discours.
« Nous n’accepterons aucun accord qui ne soit pas lié à un nouveau programme », affirme néanmoins Athènes. Comment les responsables politiques grecs pourraient-ils en effet rentrer chez eux en ayant accepté un programme contraire à celui sur lequel ils viennent d’être élus ?
D’un autre côté, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, qui a reçu son homologue grec, a expliqué avoir déclaré à Yanis Varoufakis que les promesses qui ont mené son camp au pouvoir n’étaient pas réalistes, ajoutant qu’ils s’étaient « mis d’accord sur leur désaccord ». Ce à quoi Yanis Varoufakis a rétorqué : « Nous ne nous sommes même pas mis d’accord sur notre désaccord. »
Entre deux feux
Athènes n’a donc aucunement l’intention d’accepter la pression européenne à son encontre, et surtout pas la décision de la Banque Centrale européenne de laisser les banques grecques subir, seules, les difficultés économiques actuelles. Il est vrai que le vote de la Banque Centrale tombait justement un jour où le directeur de la Banque Centrale grecque n’avait pas, selon les nouveaux modes de vote au sein de l’institution, voix au chapitre…
Même si les actuelles positions d’Athènes ne sont pas clairement définies, une chose est sure : Bruxelles ne peut pas lui demander de faire un grand écart qui provoquerait une crise institutionnelle durable dans son pays.