La Cour suprême du Canada a décidé de légaliser, vendredi dernier, le suicide médicalement assisté – une forme d’euthanasie – pour les adultes consentants atteints de problèmes de santé graves et irrémédiables. Elle a accordé un an au gouvernement pour revoir sa législation qui protégeait jusqu’à présent la vie jusqu’à son terme naturel.
A l’unanimité, les neuf juges de la Cour suprême ont estimé que les articles du Code criminel du Canada qui « interdit le suicide assisté et l’euthanasie » violaient la Charte des droits et libertés car « l’interdiction (…) a pour effet d’obliger certaines personnes à prendre prématurément leur propre vie, par crainte d’être incapables de le faire lorsque leurs souffrances deviendront insupportables ». Car la cour ose affirmer en prenant cette décision qu’elle vise avant tout à « empêcher que les personnes vulnérables soient incitées à se suicider dans un moment de faiblesse ».
Les mouvements pro-vie critiquent la légalisation de l’euthanasie par la Cour suprême
C’est le comble de la perversité : la Cour suprême laisse entendre qu’en autorisant à tuer, elle protège la vie.
« En abolissant le jugement “Rodriguez” (du nom d’une patiente qui réclamait l’euthanasie et avait été déboutée par la Cour suprême, par crainte d’abus à l’égard des personnes vulnérables, en 1993, NDLR), notre plus haut tribunal explique aujourd’hui aux Canadiens que la vie des plus faibles, des infirmes et des vulnérables ne mérite pas d’être protégée. La Cour vient de décider que pour certaines personnes, la mort est préférable à la vie, et elle donne le pouvoir aux forts de mettre un terme à la vie des faibles. C’est un terrible jour de honte pour le Canada », a immédiatement réagi Jim Hughes, président de la Campaign for Life Coalition, un mouvement pro-vie canadien. Il a ajouté : « En tant que nation, nous sommes entrés dans un complet aveuglement moral si nous croyons honnêtement que tuer quelqu’un au nom de la “compassion” ou de la “pitié” est une solution au problème de la souffrance ou du handicap. La vie est un cadeau, et personne n’a le droit moral de la supprimer, au nom d’une loi claire : “Tu ne tueras point.” C’est toujours une fausse compassion qui pousse à tuer quelqu’un qui souffre. Il n’y a aucune dignité à tuer le patient plutôt que la douleur. »
La Cour suprême du Canada contredit la loi au nom du suicide assisté
Pour faire taire l’opposition de certains médecins qui se souviennent que leur mission est de soigner et non de tuer, la Cour a précisé que rien « ne contraindrait les médecins à dispenser une aide médicale à mourir ». Pour le moment.
L’affaire avait été portée devant la Cour suprême par les familles de deux femmes de Colombie Britannique atteintes de maladies dégénératives incurables, et aujourd’hui décédées, avec le soutien de l’Association locale des libertés civiles. L’une des deux femmes, Kay Karter, s’était rendue en Suisse à l’âge de 89 ans pour s’y suicider, terrifiée à l’idée de « mourir à petit feu ». La seconde, Gloria Yaylor, a succombé à une infection.
Le Canada rejoint donc les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse ainsi qu’une poignée d’États américains… Tandis que de nombreux autres pays, dont la France, prévoient une légalisation prochaine de l’euthanasie.
Après le « mariage » homosexuel et la légalisation du cannabis, l’euthanasie est devenue le nouveau cheval de bataille dans de nombreuses régions du monde.