Il n’y a décidément pas de sujet qui ne puisse être présenté à l’aune du « réchauffement climatique », avec un dénominateur commun – faire peur. Alors qu’on prépare à Genève la conférence de Paris, un expert a averti que les « réfugiés climatiques » vont se multiplier : « De 1970 à 2013, les risques de flux migratoires liés à des catastrophes ont doublé. Ces flux vont continuer à augmenter », a déclaré (menacé ?) José Riera, conseiller auprès de la Division de la protection internationale du Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), soulignant que la majorité des 46 millions de déplacés et réfugiés actuels sont déjà concentrés dans des zones « vulnérables » sur le plan climatique.
Pour faire face à ces migrations de masse, il faut des mesures « pour traiter de la mobilité humaine liée au changement climatique », a déclaré Bernd Hemingway, directeur au Département de la gestion des migrations à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM, agence intergouvernementale sise à Genève, indépendante de l’ONU).
Des millions de réfugiés climatiques ?
Ce sont des « millions » de déplacés qu’il faudra aider, en « facilitant » les migrations, assurent de leur côté les organisations humanitaires qui proposent « en dernière option » des plans de réinstallation des personnes qui seraient chassées de chez elles par des « événements climatiques extrêmes », elles qui n’ont actuellement pas le statut de « réfugiés » et les protections qui y sont associées. « Un vide juridique », estime Riera.
Entre « faciliter les migrations » et organiser la « réinstallation » on ne voit pas vraiment de différence de fond : l’idée est bien que des millions de personnes, des îles du Pacifique ou ailleurs (on annonce leur engloutissement) vont devoir s’installer dans des zones à l’abri, déjà peuplées, avec toutes les peurs que cela recèle.
L’ONU continue de faire peur avec le réchauffement
Pour José Riera, « il est important que les Etats membres reconnaissent l’existence du problème et qu’ils intègrent l’aspect de la mobilité humaine comme l’une des conséquences les plus claires du changement climatique ». « Le plus important, c’est de pouvoir éviter des déplacements forcés, mais s’ils sont inévitables, il faut établir clairement comment ils doivent se faire, comment on peut aider les personnes à rentrer chez eux, ou s’il le faut à se réinstaller ailleurs », a-t-il expliqué, plaidant pour qu’on cesse de penser seulement à « réduire les émissions » (de CO2) « pour se focaliser sur les personnes ».
Que l’on veuille aider des personnes menacées et sauvegarder leurs vies, on ne saurait s’en plaindre, surtout à l’heure où l’écologisme extrême voit plutôt les êtres humains comme des gêneurs responsables de la destruction de la « planète ».
L’ONU se saisi des migrations de masse
Mais en l’occurrence – alors que tant de questions scientifiques se posent à propos de la réalité du réchauffement climatique – ces avertissements sur les migrations de masse, anxiogènes aussi bien pour les populations dont on annonce le déplacement que pour celles qui sont sommées de les accueillir alors même qu’elles n’ont pas quitté leurs rivages, relèvent de la pression psychologique continue sur l’opinion. Avec l’idée de la nécessité de régler tout cela « par le haut », par dessus les nations.
Avons-nous encore le droit de garder la tête froide, alors qu’on cherche par tous les moyens à nous chauffer les oreilles ?