Toute première fois se veut une comédie française originale et audacieuse. Elle ose prendre pour action l’exact contrepied de ce qui a été réalisé cent fois depuis vingt ans, avec nos impôts : M. Y va épouser Mme X , mais découvre in extremis son homosexualité, ce qui change tout… Là, c’est le contraire. Jérémie va se marier avec Antoine, mais tombe amoureux d’Adna, sa toute première fois féminine. Le cliché de la Suédoise libérée, typique des années 1970, en vient presque désormais à servir la morale en corrigeant un homosexuel parisien, par un charme entreprenant et au besoin des bains d’eau glacée dans des lacs lapons en hiver.
 

Toute première fois et les bobos

 
Le problème est que pour faire passer ce blasphème sympathique contre les antivaleurs actuelles dominantes, il faut respecter les clichés imposés. Tous les homosexuels seraient des êtres merveilleux, intelligents, cultivés, délicats, compréhensifs, au pire drôles, tandis que les « hétérosexuels », hors du couple central imprévu, se montreraient tous mentalement perturbés, antipathiques, désagréables, lâches, hypocrites, obsédés sexuels, etc., à tous les âges. A quoi s’ajoute une vulgarité insupportable, typique de la comédie française d’aujourd’hui. Le seul intérêt véritable, sociologique, de Toute première fois réside dans l’exposé – plutôt juste et guère enthousiasmant – des antivaleurs des fameux bourgeois bohêmes, dominants très largement au PS, chez les Verts, et dans une partie de l’UMP à la suite de NKM ou Alain Juppé.
 
Octave Thibault