Listen up Philip, soit « écoutez Philippe », se veut un film sur les écrivains au quotidien. Il rend une forme d’hommage aux intrépides proches de ces monstres d’égocentrisme. En effet les écrivains, peut-être et surtout les plus talentueux, sont en tant qu’hommes difficiles sinon insupportables. En France Victor Hugo, Flaubert, Zola, etc., illustrent ce phénomène. Dans ce film sont étudiés deux écrivains américains à succès contemporains, un homme âgé et un autre trentenaire, qui tendent à établir une relation de maître à disciple, construite sur la flatterie réciproque et curieusement sincère. Les deux personnages principaux sont des clefs vraisemblablement à la portée des connaisseurs, dont on avouera ne pas être.
 

Listen up Philip : de la toxicité des écrivains au quotidien

 
Ces deux écrivains possèdent tous deux une même cruauté de fait, absolument pas excusée par une incompréhension ou de l’autisme stricto sensu. Ils sont conscients du mal qu’ils font à leurs proches, fille ou compagne, et s’en moquent tout simplement. Ils ne se donnent pas la peine de mentir de façon crédible dans la comédie attendue de l’affection ou des sentiments. Les acteurs, peu connus en France, se coulent parfaitement dans le moule de ces deux écrivains, et l’interprétation s’avère très juste. Le film, à voir absolument en anglais, possède quelques bons mots, même si hélas l’anglais américain d’aujourd’hui alterne entre citations de Shakespeare et jurons grossiers. Intéressante en soi, cette étude du caractère de personnalités toxiques fatigue voire désespère le spectateur de Listen up Philip, tant elle accumule les scènes psychologiquement éprouvantes.