Heta Asset Resolution : l’Autriche applique la directive européenne sur la résolution des crises bancaires

Heta Asset Resolution : l’Autriche applique la directive européenne sur la résolution des crises bancaires
 
Les autorités autrichiennes ont annoncé qu’elles n’injecteraient plus d’argent dans la « bad bank » Heta Asset Resolution, créée à la suite des difficultés de la banque nationalisée Hypo Alpe Adria, et que les porteurs d’obligations seraient mis à contribution en application de la nouvelle résolution bancaire européenne. L’Autriche sera donc la première à appliquer la directive sur la résolution des crises bancaires. La première ? Pas exactement. Rappelez-vous, il y a deux ans, l’affaire de Chypre, où les comptes des déposants dépassant les 100.000 euros avaient été mis à contribution…
 
Quoi qu’il en soit, cette annonce a surpris et inquiété les investisseurs. Il en est résulté une chute des cours de 27 % de la valeur de certaines obligations. Mais le gouvernement autrichien ne sait plus comment faire face au déficit de capitaux de Heta Asset Resolution, estimé entre 4 et 7,6 milliards d’euros. Les Autrichiens apprécient d’autant moins l’opération, qu’ils avaient déjà payé 5,5 milliards d’euros pour la banque Hypo Alpe Adria…
 

L’Autriche suit la nouvelle directive européenne

 
Pour les détenteurs d’obligations émises par la banque, le préjudice sera de l’ordre de 50 % à 70 %. Selon le quotidien autrichien Der Standard, ce sont quelques 950 millions d’euros d’obligations qui devraient ne pas être remboursés. L’Etat est donc sauvé par la nouvelle directive européenne, sans laquelle il aurait dû payer la facture.
 
C’est la première fois depuis son adoption – la directive a été publiée au Journal officiel de l’Union européenne le 12 juin 2014 – que cette directive est appliquée en Europe – si l’on excepte le précédent antérieur chypriote. Cela s’est fait sans alerte, sans prévenir. N’importe quel Etat-membre pourra désormais faire reposer les pertes d’une banque sur les actionnaires et les détenteurs d’obligations, comme cela se fait pour n’importe société commerciale. Les déposants ne sont pas concernés, Heta Asset Resolution étant une banque dépourvue de dépôts.
 

Un moyen bien pratique pour la résolution des crises bancaires

 
Cette première n’est donc évidemment pas une dernière. D’autant que la directive européenne doit être transposée dans les droits nationaux au plus tard le 1er janvier 2016.
 
Désormais donc, les banques européennes ne sont plus, pour la Haute finance, un endroit sûr pour entreposer son argent et il lui faudra assumer ses risques et ses pertes. Doit-on pour autant se féliciter de sa perte d’influence que nous avons souvent eu l’occasion de mettre en exergue et de l’émergence d’un mondialisme politique qui parvient à mettre sous tutelle la finance internationale et ne rencontre plus aucun contre-pouvoir ?