C’est le versant « éducatif » de la réponse aux attentats de janvier à Paris : Najat Vallaud-Belkacem a convoqué les ministres de l’Education de l’ensemble de l’Union européenne rue de Grenelle. François Hollande a fait le déplacement pour s’adresser aux ministres de toute l’UE, pour promouvoir la citoyenneté, la tolérance, la non-discrimination. Tous ont signé une déclaration affirmant leur « détermination à faire front, ensemble afin d’œuvrer en faveur des valeurs fondamentales qui sont au cœur de l’Union européenne : le respect de la dignité humaine, la liberté (notamment la liberté d’expression), la démocratie, l’égalité, l’Etat de droit et le respect des droits de l’Homme. »
Le discours de François Hollande était des plus convenus. Inévitablement il a défendu le budget pharaonique de l’Education nationale, plaidant pour un engagement similaire de la part des autres pays de l’UE – au vu de ses résultats, quelle blague !
L’UE luttera-t-elle contre le terrorisme par la citoyenneté, la tolérance, la non-discrimination ?
Les solutions que propose la France, par la voix de son président, pour mettre fin aux menaces terroristes et l’attrait de ce qu’on évite d’appeler le djihad, sont sans rapport aucun avec la nature du problème. Il faut « changer les méthodes », proclame Hollande, pour « intéresser les enfants », « développer le numérique » afin que les jeunes le « maîtrisent » et ne soient pas asservis par lui. Et si on commençait plutôt par leur apprendre à lire et à penser ?
Qui peut mener cette tâche ? « L’Europe », répond encore et inévitablement le président de la République aux ministres réunis : car « l’Europe c’est le progrès », l’Europe veut apporter « la réponse au défi climatique », l’Europe peut « dire aux jeunes qu’ils vivront mieux demain ».
Hollande et Najat Vallaud-Belkacem rappellent les ministres de l’UE à leurs devoirs fraternels
C’est tout ? Oui, quasiment… Si ce n’est que le président a tenu à payer son tribut à l’idéologie qui est à la racine des problèmes de notre Europe sans avenir et sans espérance où l’idéologie a remplacé Dieu, où l’école prêche la nouvelle religion : « C’est par l’école que passe la lumière, je vous remercie d’éclairer partout où vous le pouvez les consciences, les esprits et les chemins de la jeunesse européenne. » Nous n’avons pas pu prendre connaissance des félicitations de la rue Cadet, qui n’étaient pas jointes au communiqué de l’Elysée.
Les « valeurs » de l’UE inculquées pieusement par les Educations nationales
La déclaration commune des ministres de l’Education de l’UE décrit bien ce contexte idéologique en affirmant : « Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société européenne où prévalent le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre femmes et hommes. »
Plus encore que des mots-clefs répétés de manière incantatoire, ces mots sont de réels programmes d’action au service de la « transmission aux générations futures des valeurs humanistes et civiques » partagées par les dirigeants européens, qui passe par la prévention et la lutte « contre toute forme de discrimination ».
On sait ce que cela signifie dans la pratique : mettre sur le même plan toutes les cultures, en finir avec les identités nationales mais aussi avec les exigences de la morale naturelle… Les ministres européens ne disent rien d’autre lorsqu’ils souscrivent cet engagement : « Garantir à tous les jeunes une éducation inclusive qui combatte le racisme ainsi que tout type de discrimination, promeuve la citoyenneté et leur apprenne à comprendre et à accepter les différences d’opinions, de convictions, de croyances et de modes de vie, tout en respectant l’Etat de droit, la diversité et l’égalité des genres. »
Simples déclarations ou vrai programme ?
Pour cela, l’Union européenne est invitée à se mobiliser aussi bien par l’injection de nouveaux fonds que par la coopération et le « dialogue interculturel ».
On peut lire la déclaration en s’amusant de son jargon et de son côté désespérément prévisible. Mais sans jamais oublier que derrière le discours se trouve la réalité de plus en plus uniformisée de « leur » Europe : la négation ultime des devoirs et des différences qui font partie de la réalité humaine.