Une loi qui devait interdire les avortements tardifs (au-delà de 20 semaines de grossesse) aux Etats-Unis a finalement été retirée par les Républicains avant d’être soumise au vote, en janvier dernier, en raison d’« inquiétudes » concernant les cas de viol, et du manque de compassion pour les femmes violées. Pourtant, parmi les personnes sondées en 2013 par l’Institut pro-avortement Guttmacher, aucune n’avait évoqué le viol comme cause d’un avortement tardif.
Le Pain-Capable Unborn Child Protection Act avait été voté en 2013 par la Chambre des représentants, avec le soutien de certains Démocrates, pour interdire l’avortement au delà de 20 semaines de grossesse, au motif que c’est l’âge où l’enfant à naître peut ressentir la douleur. La loi prévoyait des exceptions en cas de danger de mort pour la mère, de viol ou d’inceste préalablement déclarés aux autorités.
Les Républicains reviennent sur leur intention d’interdire l’avortement tardif, sauf en cas de viol
Les Républicains Trent Franks et Marsha Blackburn ont réintroduit la proposition de loi devant le nouveau Congrès majoritairement républicain en début d’année, et il était prévu que la loi soit définitivement votée la nuit de la Marche pour la Vie, organisée le 22 janvier dernier.
Mais un groupe de femmes républicaines, emmenées par Renee Ellmers, ont alors lancé une objection contre l’obligation de porter plainte pour viol avant de pouvoir avoir recours à l’avortement.
Renee Ellmers, qui avait voté pour la même proposition de loi en 2013, affirmait finalement que cette obligation risquait de priver le parti républicain du vote des femmes, alors même que les sondages montraient l’inverse.
Ses commentaires avaient provoqué un scandale dans la base conservatrice du parti, amplifié par ses commentaires postés sur un blog et dans lesquels elle traitait la communauté pro-vie de « répugnante » et « puérile » …
Marsha Blackburn, qui avait porté la loi devant le Congrès des Etats-Unis, évoque le viol pour retirer sa loi pro-vie
A la suite d’une chronique publiée dans le magazine World par J.C. Derrick, Marsha Blackburn avait elle aussi fini par demander le retrait de la loi, et les têtes de parti avaient alors accepté. La manœuvre est habituelle. Au moment même où elle revenait sur sa décision, le National Right to Life committee avait publié un entretien dans lequel elle se montrait encore favorable à cette proposition de loi.
Le viol n’est jamais évoqué comme cause d’un avortement tardif
Toute l’attention porte depuis sur les femmes enceintes à la suite d’un viol.
Une étude menée par Diana Greene Foster et Katrina Kimport, publiée par le Guttmacher Institute’s Perspectives on Sexual and Reproductive Health en 2013, sur les raisons données pour retarder un avortement au premier trimestre de la grossesse ou pour pratiquer un avortement tardif, montre que ces femmes ont des caractéristiques similaires.
« Les femmes des deux groupes rapportent “ ne rien savoir à propos de la grossesse ”, se disent “ troublées à l’idée de devoir recourir à un avortement ” ou être “ en désaccord avec le père à propos d’un avortement ” », rapporte Johnson. Parmi celles qui ont recours à un avortement tardif, la raison la plus communément énoncée pour avoir retardé la procédure est le manque d’argent, la méconnaissance des lieux dans lesquels se pratiquent un avortement, la difficulté d’obtenir une couverture santé. Le viol, le danger pour la vie de la mère et l’anomalie fœtale grave ne font pas partie des raisons invoquées.
Les mouvements pro-vie veulent que la vie de l’enfant à naître devienne enfin objet d’attention
« Aucune des raisons avancées n’est insignifiante, mais aucune ne justifie de prendre une vie humaine non plus », commente Chuck Donovan, président de l’Institut pro-vie Charlotte Lozier.
En guise de conclusion, c’est le père Franck Pavone, directeur pastoral des groupes d’aide aux femmes ayant pratiqué un avortement, Rachel’s Vineyard et Silent No More qui lance : « Les enfants à naître sont toujours ceux dont le bien-être est placé en dernier sur la liste. Il est temps de placer cette préoccupation en haut de la liste. »
Sans compter les risques encourus par la mère lors d’un avortement tardif, que personne ne semble vouloir prendre en compte.
C’est ce que dénonce le professeur Charmaine Yoest, présidente d’Americans United for Life : « Les Etats-Unis sont avec la Chine, la Corée du Nord et le Canada, les seuls pays à autoriser l’avortement pour n’importe quelle raison après le seuil de viabilité de l’enfant (…) Parce que le lobby de l’avortement est extrémiste et que l’avortement est un commerce qui brasse des milliers de millions de dollars, nous sacrifions au profit non seulement des enfants non nés, mais également la santé de la mère… »