Les riches entrepreneurs sont régulièrement accusés d’être responsables de l’accroissement des inégalités de richesses dans le monde. Au lieu de rémunérer le travail, ils placeraient leurs actifs dans des investissements à rendement automatique qui se renforceraient d’eux-mêmes et donneraient naissance à des « dynasties paresseuses ». Mais Matthew Rognlie, bientôt titulaire d’un doctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et âgé de 26 ans, vient de développer une théorie alternative sur les inégalités qui commence déjà à séduire.
La « rente » du capital et celle de l’immobilier
Sa thèse est simple : « La progression récente du capital, tant en valeur que pour les revenus qu’il engendre, est presque entièrement liée au logement. » Le schéma ci-dessous montre l’évolution de la part des revenus du capital : en bleu figure celle de l’immobilier ; en rouge celle du capital hors immobilier et en bistre celle du total. La part des revenus du capital immobilier n’a cessé de croître depuis 1975 tandis que celle du capital hors immobilier est restée constante. L’augmentation de la part totale du capital n’est due qu’à l’augmentation de celle du capital immobilier.
En d’autres termes, les prétendus capitalistes sont en fait les petits – mais aussi les gros – bailleurs, et non les grands groupes.
Rognlie attaque l’idée selon laquelle les riches capitalistes auraient tendance à transformer leur richesse actuelle en une « rente » capable ensuite d’alimenter sans cesse les investissements. Cette théorie, rendue célèbre par l’économiste français Thomas Piketty, affirme que la richesse est concentrée chez 1% de la population mondiale parce que l’argent est plus facile à obtenir en investissant dans des machines et du capital qu’en payant mieux les gens qui travaillent.
Matthew Rognlie prend le contre-pied de Piketty pour expliquer les inégalités
Matthew Rognlie montre le contraire en affirmant que les cibles actuelles des investissements – robots, logiciels, etc. – se déprécient très rapidement et ne peuvent donc produire d’avantages sur le long terme, contrairement au logement qui est pour lui le seul investissement capable de donner aux riches un confort financier sur le long terme.
Plutôt que de taxer les grosses entreprises et les riches investisseurs, Matthew Rognlie conseille de s’attaquer à l’offre immobilière : « Les décideurs politiques devraient donc songer à se pencher sur les réglementations qui freinent la construction immobilière et empêcher ainsi les propriétaires de bénéficier de gros retours sur investissements. »
L’attractivité du logement est responsable des choix d’investissement du capital
En clair, plutôt que de taxer les entreprises et les riches investisseurs, le gouvernement devrait se concentrer sur la politique du logement pour résoudre les problèmes d’inégalités, puisque la « rente » immobilière augmente et non celle du reste du capital.
Mais en limitant la construction – en particulier par des normes écologiques toujours plus sévères et plus coûteuses – les prix de l’immobilier ne cesseront d’exploser et la propriété deviendra toujours plus inaccessible aux familles de la classe moyenne.
Empêcher de nouvelles constructions ou taxer les nouveaux constructeurs n’aura que des conséquences plus désastreuses encore sur le prix du logement, alors que la classe moyenne est déjà incapable de se loger, écrasée d’impôts, empêchée d’entreprendre par des contraintes environnementales excessives et soumise à une concurrence déloyale de par l’ouverture des frontières.
Piketty et Rognlie muets sur la Haute finance
Mais les travaux de Piketty et de Rognlie éludent le vrai problème et ne visent jamais les vrais riches. Pourquoi ne pas diriger leurs regards vers la Haute finance qui crée directement ou indirectement de l’argent ex nihilo, et vers la finance qui se développe sur cet argent fictif, plutôt que de compter sur de nouvelles taxes pour résoudre les problèmes ? Pourquoi attaquer les entrepreneurs ou les bailleurs qui n’appartiennent en aucune manière à l’hyper-caste mondialiste ?