Croient-ils vraiment au changement climatique ? le taux carbone des ultra-riches augmente

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« La fin de l’insouciance », qu’il disait… Les « petits gestes » dont Emmanuel Macron nous rebat les oreilles, comme éteindre ses lumières ou débrancher son chargeur de téléphone portable, paraissent absolument saugrenus en regard des comportements que l’on peut observer chez ceux qu’on appelle les ultra-riches. Le sujet revient régulièrement sur le tapis. Plus encore aujourd’hui, alors que les Etats occidentaux font peser sur les classe modestes et moyennes le poids financier d’un soi-disant changement climatique qui n’a pas l’air d’inquiéter cette classe super aisée… La corrélation revenus/émissions de CO2 est pourtant plus qu’évidente.

Il semble que la lutte contre le dérèglement climatique passe par, voire concrétise la réduction des inégalités sociales, mais certains se tirent allègrement de ce mauvais pas – avec paillettes et champagne.

 

Le carbone : révélateur de richesse ?

« Si le climat change réellement, pourquoi les élites n’agissent-elles pas en conséquence ? » titrait aujourd’hui un article du site américain conservateur Townhall. Il est vrai qu’il ne faut pas chercher très loin pour dénicher de croustillantes affaires.

La journaliste évoquait le secrétaire aux transports de Biden, à savoir Pete Buttigieg (au passage, celui qui fut le premier membre ouvertement homosexuel d’un cabinet présidentiel américain). Pete Buttigieg a été interrogé sur son penchant pour les vols à bord de jets privés chics – aux dépens des contribuables, bien sûr. Un penchant avéré dont il a du mal à dire toute l’étendue : son bureau a été accusé de faire de l’obstruction aux demandes détaillées du Congrès.

Et ce alors même que la malheureuse administration Biden dont il fait partie intégrante passe son temps à alerter contre une catastrophe climatique certaine, inéluctable : ce « danger clair et présent » qui constitue un « code rouge pour l’humanité » selon les mots du président américain… « une menace existentielle » selon sa secrétaire à l’Energie, Jennifer Granholm.

 

Les ultra-riches : faites ce qu’on vous dit, pas ce qu’on fait

Ils n’ont pas l’air pourtant bien inquiets, ces gens de pouvoir et d’argent, malgré leurs propres avertissements. L’ancien vice-président des Etats-Unis, Al Gore, qui ne cesse de dire qu’« il faut changer notre façon de vivre », vit plus qu’aisément dans son manoir du Tennessee. Et toutes ces « élites » ont leur luxueuse maison de villégiature sur la côte : cette côte qui devrait bientôt être engloutie si le changement climatique tient ses promesses ! Les Obama ont dépensé plus de 20 millions de dollars pour leurs deux maisons de bord de mer…

Bill Gates, le fondateur de Microsoft, vient d’acheter pour 60 millions de dollars le château historique de Portofino en Italie, par l’intermédiaire de sa société Four Seasons – il fera de la propriété italienne un hôtel de luxe. Four Seasons a d’ailleurs plus de 50 nouveaux projets en cours de planification ou de développement, notamment en Italie, en Espagne, en Chine, au Japon, en Colombie, au Belize et sur des marchés clés aux Etats-Unis. Et ne parlons pas de sa résidence principale à 131 millions de dollars qu’il possède dans l’Etat de Washington, celle qu’on appelle Xanadu 2.0.

Peut-être que la menace n’est pas si grave, se demande la journaliste de Townhall. Et si cette posture n’était que du flan, utilisant de nouvelles conjonctures pour continuer d’assurer son propre pouvoir ? Ainsi les petits, les sans-grades deviennent les boucs émissaires sur les doigts desquels il faut toujours taper. Et les grands, les très, très riches, demeurent blancs comme neige, parce qu’ils sont publiquement les prophètes sages.

 

Les héros du changement climatique font quand même fortune avec…

Tous, à de très rares exceptions près, ont pris en effet « le parti » du changement climatique. D’autant plus que s’il y a la question de leur consommation, il y a aussi celle de leur patrimoine financier, de leurs investissements : leur engagement, officiel du moins, est indispensable.

Leur consommation est négativement édifiante, si l’on avise les chiffres de leur « empreinte carbone » pour employer le vocabulaire convenu. Dans une émission sur RadioFrance, en février dernier, l’économiste français Lucas Chancel rapportait une étude récente : « Si on regarde l’empreinte carbone des yachts, des jets et des maisons qui sont chauffées, éclairées des ultra-riches, on arrive à 8.000 tonnes par an et par milliardaire alors que pour un Français, on est à 10 tonnes par an. » Le rapport Oxfam Greenpeace de 2022, disait, lui, que 63 milliardaires français polluaient autant que 50 % de la population française si on prenait tout leur capital…

Mais les impacts de leur patrimoine financier sont encore plus grands : il les fallait donc estampillés du certificat de bonne conduite, à savoir la lutte verte, le combat pour le climat, même si la rentabilité financière doit être conservée à tout crin.

Le profil d’Al Gore est à ce titre emblématique. Vu comme « lanceur d’alerte » pour avoir vulgarisé la crise climatique avec son film Une vérité qui dérange dès 2006, il diffuse toujours aujourd’hui ce même message, à travers des conférences, comme celle qu’il a encore tenue à Davos, en Suisse, en janvier dernier. A côté de ça, selon le Daily Mail, le lauréat du prix Nobel de la paix en 2007 a tant et si bien fait fructifier sa société d’investissements dans les énergies « vertes », Generation Investment Management, qu’elle a engendré pour la seule période 2008-2011, plus de 200 millions d’euros

Tous ont leur certificat, blason redoré à coups de milliards. Jeff Bezos, pourtant régulièrement critiqué, y compris par ses employés, sur la politique environnementale de son groupe, a son Bezos Earth Fund lancé en 2020 avec dix milliards de dollars. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, qui a publié en 2021 un livre-programme sur la cause climatique, gère sa Fondation Gates depuis 2000. Il a quelquefois de bonnes idées, comme nous l’a montré Pauline Mille, à condition toutefois qu’elles servent ses intérêts – comme toujours.

 

Clémentine Jallais