Macron appelle à une taxe mondiale pour lutter contre le changement climatique

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Vous aimiez votre fiscalité franco-française ? Vous allez adorer votre nouvelle fiscalité internationale… Macron l’a dit lui-même, lors de ce Sommet climat des 22 et 23 juin, la France est un des pays qui ont le plus de taxes : malgré cet état de fait, elle se veut le porte-étendard d’une sorte de nouveau système fiscal mondial, tirant sa légitimité… du climat. Une manière affichée de lutter contre le soi-disant réchauffement climatique et contre la pauvreté. Une autre manière de promouvoir l’égalité mondiale entre les pays et concrétiser la répartition des richesses.

Une manière, surtout, de tendre toujours plus vers l’instauration d’un impôt mondial, parvenant directement aux organisations internationales, sans passer par la case nationale, sans l’accord des pays, dans la ligne de la taxe Tobin (la taxe proposée en 1972 par l’économiste américain James Tobin pour les transactions financières sur les marchés internationaux de devises).

L’urgence climatique n’est toujours qu’un prétexte pour l’Etat mondial.

 

Taxe mondiale : un programme climatique agressif

Des propositions d’impôt mondial ont déjà eu lieu, mais sans jamais rien donner encore. Car pour imposer pareil projet, il faut à la fois que se dressent une notion de solidarité, nouvelle charité obligée post-moderne, mais aussi une contrainte effective (ou du moins admise comme telle) extérieure, dont l’ordre tienne du vital comme du sacré. Gaia, la terre qui nous héberge et nous nourrit, est en danger : le changement climatique, doxa politico-médiatique, est l’argument forgé à cet effet. Il contribue d’ores et déjà à changer les habitudes de vie, à moduler certains pans de l’économie, il est accepté et agité comme une cause de ralliement général. Il pourrait devenir le levier pour imposer une taxe à l’échelle mondiale.

L’enjeu est grand. La levée de l’impôt est un indicateur de puissance. Plus encore, il est un pouvoir régalien. Mettre en œuvre un impôt mondial, ce serait reconnaître la souveraineté d’une entité supra nationale derrière ce fantôme d’argument climatique, qui pourrait non seulement collecter des fonds mais aussi se prévaloir d’autres attributs régaliens, comme celui de lever une armée. Dès lors qu’on a les finances, tout le reste est possible.

La territorialité de l’impôt avait déjà été mise à mal face à la concurrence fiscale des autres Etats et aux nouvelles pratiques commerciales et fiscales. Il pourrait se retrouver en terrasse, c’est-à-dire nulle part, ou plutôt dans les poches de l’Etat mondial.

 

« Les pays du Nord doivent payer leur dette climatique »

Lors de ce Sommet pour un « nouveau pacte financier mondial » qui a vu se réunir une cinquantaine de chefs d’Etat ou de gouvernement, les 22 et 23 juin, Emmanuel Macron a donc demandé une « mobilisation générale » pour un « choc de financement public » : il y a beaucoup d’argent, mais pas forcément « au service des progrès de la planète ». « Nous avons un système financier qui est le fruit d’un consensus passé [qui] ne va sans doute plus assez vite, qui n’est plus tout à fait adapté et qu’il faut réaligner sur nos objectifs » : à savoir l’assistance aux pays en développement.

Un réajustement donc. Pour rénover en urgence l’architecture financière internationale, née des accords de Bretton Woods en 1944 avec la création du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM). Pour « repenser complètement tout le lien entre climat, dette et développement » selon les mots de du conseiller économique de Mia Mottley, Premier ministre de la Barbade, qui coorganisait ce sommet avec Macron.

Et le président français a, sans surprise, lancé l’idée d’une taxe mondiale climatique. En suggérant que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) basée à Paris pourrait être utilisée pour superviser le processus de négociation entre les nations et les entreprises multinationales.

 

Macron : « Faire en sorte que les autres nous suivent et se mobilisent »

Parce que la France est pionnière en la matière, s’est-il vanté ! « La France a déjà mis en place deux types de taxes qui ont été proposées : une sur les billets des vols court-courriers dans le pays, une autre sur les transactions financières. » Maintenant, « ça ne marche pas quand on le fait seul, les flux [financiers] vont ailleurs » : le monde entier doit donc se mettre au diapason de l’exemple français et élaborer une véritable fiscalité internationale, au-delà de ce que font déjà les pays et les institutions.

Et ça suppose un accord. Y compris avec les pays dits BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud).

L’idée n’est pas récente. En septembre de l’année dernière, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exigé des taxes mondiales mais ciblées, afin de punir l’industrie des combustibles fossiles. Toujours les mêmes buts : « Ces fonds devraient être redirigés de deux manières : vers les pays qui subissent des pertes et des dommages causés par la crise climatique ; et aux personnes aux prises avec la hausse des prix des aliments et de l’énergie » avait-il déclaré.

Cette fois, se profile aussi la perspective d’une taxe sur les transports maritimes. Des pourparlers sont en cours à l’Organisation maritime internationale (OMI) sur l’introduction d’une taxe mondiale sur ces transports, mais la destination des revenus ainsi générés manque encore de clarté.

 

Un impôt mondial pour tous ?

Si les travaux au palais Brongniart ne doivent pas déboucher sur des décisions concrètes rapides, ils doivent inscrire un mouvement et la qualité, au moins hiérarchique, du gratin politique présent le confirme. D’autant que ces propositions sont faites dans un climat agressif, sur un sujet où une certaine base rappelle constamment à l’ordre (mondialiste) les dirigeants.

L’économiste français Jean Pisany-Ferry, qui a été un contributeur clé au manifeste de campagne de Macron en 2017 sur les questions économiques, a récemment publié un rapport dans lequel il a appelé à un impôt temporaire (sic) sur la fortune en France pour financer la transition énergétique du pays. S’il a été rejeté par le gouvernement, il doit échanger cette semaine, avec plusieurs parlementaires de Renaissance.

Plus tôt, le 19 juin, plus de 150 économistes, dont l’éminent défenseur de la décroissance, Jason Hickel, ont écrit une lettre aux dirigeants mondiaux, avant ce fameux Sommet : ils y demandent une taxe de 1,5 % pour aider à garantir que le monde limite la hausse de la température mondiale à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels, et payer les dommages causés par le climat aux plus pauvres. Sus aux riches, sus aux « dirigeants du Nord mondial », responsables, dans ce soi-disant réchauffement climatique, d’une proportion démesurée des émissions mondiales de gaz à effet de serre. « Les pays du Nord doivent payer leur dette climatique » a déclaré Alex Lenferna, de l’Université Nelson Mandela et de la Climate Justice Coalition. La Banque Mondiale et son nouveau président mènent le même combat.

L’impôt sur les plus riches, sur lequel revient régulièrement l’élite socialiste et mondialiste de Davos est de plus en plus d’actualité, alors même que les plus riches n’ont jamais été si riches et si peu nombreux (dont beaucoup sont à Davos, mais le paradoxe ne leur fait pas peur). Le tout dernier rapport d’OXFAM indique que non seulement les 1 % les plus riches détiennent-ils 45,6 % de l’ensemble des richesses mondiales, mais la moitié la plus pauvre du monde n’en détient que 0,75 %. Et l’écart continue de se creuser : les 1 % les plus riches s’emparent de près des deux tiers de toutes les nouvelles richesses créées depuis 2020, soit près de deux fois plus que les 99 % de la population mondiale restante. Autant de chiffres invérifiables mais que les médias ne remettent jamais en question.

L’impôt mondial proposé par Macron participerait, bien sûr à cette répartition des richesses, mais il pourrait faire bien plus encore.

 

Clémentine Jallais