La Chine refuse de payer ses émissions de carbone le même prix que l’UE

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Impossible est chinois. Xu Huaqing, le patron du Centre national de la stratégie sur le changement climatique et la coopération internationale a jugé « non-scientifique, irrationnel et injuste » le prix proposé par l’UE pour payer les émissions de carbone. Au nom du droit des pays émergents à disposer de leur croissance. En somme, une nouvelle fois, les pays peu pollueurs qui subissent la manie de polluer moins encore briment leur économie au profit de pays très pollueur comme la Chine, qui en tirent sans scrupule un avantage concurrentiel déterminant.

 

Les mêmes salaires condition d’un même prix du carbone

Xu s’est exprimé lors d’une discussion au Forum mondial de la paix samedi dernier. Selon lui, il est impossible de demander à la Chine de fixer le même prix du carbone que l’UE parce que les objectifs d’émissions ni le niveau de développement ne sont égaux dans les deux territoires. Et de préciser : « Le prix du carbone est déterminé par plusieurs facteurs, dont le coût de réduction des émissions, qui inclut pour une bonne part le coût du travail. La différence de revenu par tête entre la Chine et l’UE, comme la différence des prix du carbone, reflètent l’acceptation par la Chine des coûts de sa réduction d’émission, et aussi que le prix du carbone en Chine est raisonnable. » En d’autres termes, tant que le salaire moyen de l’UE est très au-dessus de celui de la Chine, le prix du carbone doit être beaucoup plus bas pour la Chine que pour l’UE.

 

Demain, la Chine rase gratis !

C’est pourquoi Xu a critiqué le mécanisme d’ajustement du carbone aux frontières (acronyme anglais : CBAM). Selon lui, le marché du carbone en Chine est un bon instrument pour réduire l’émission de gaz à effet de serre (sic), qui doit permettre de passer le pic d’émission de CO2 en 2030 pour atteindre la neutralité carbone en 2060 (resic) ! Il a affirmé que la « fuite carbone », la délocalisation des activités qui rejettent du carbone est le souci majeur du mécanisme proposé par l’UE, qui n’est pas en phase avec les idées de la Chine sur l’organisation du marché du carbone (re-resic) ! Pour l’instant, après deux ans de négociations peu fructueuses à la CBAM, le prix du carbone en Chine s’établit à environ 7,75 dollars, celui de l’UE à 85,70, et le but de l’UE est d’établir une taxe sur l’importation de produits chinois à haute émission de carbone.

 

L’UE délocalise aussi ses émissions de carbone

La Chine y voit une pression injuste, dans la mesure où c’est la différence des objectifs en matière d’émission de carbone selon les Etats qui a produit la « fuite carbone », qui permet aux pays riches de délocaliser leur production pour rester compétitifs. Pour Li Giao, chef du département changement de climat au ministère de l’écologie chinois, les négociations sur le prix du carbone sont un moyen d’aggraver la difficulté de la Chine pour exporter dans l’UE. Ce qui lui inspire cette déclaration de principe : « La Chine s’oppose à toute forme d’obstacle commercial ou technique établie au nom du changement de climat. C’est un mouvement unilatéral, moralement intenable, et pas bon pour l’effort collectif que fait le monde pour empêcher le changement climatique ».

 

La Chine maîtrise la dialectique écolo pour appauvrir l’UE

Voilà qui montre la maîtrise dialectique des communistes chinois. La première phrase, et le premier membre de la seconde, sont parfaitement justifiées. Toute l’usine à gaz montée autour du carbone est absurde, puisque l’homme ne change pas le climat, et que le dioxyde de carbone n’est pas mauvais pour la planète. Et la prétention de la « communauté internationale » à régir le monde au nom de ses fantasmes est inacceptable. Mais le dernier couplet sur l’effort planétaire est un chef-d’œuvre : il renvoie l’argument du changement climatique à l’UE, avec la plus tranquille mauvaise foi. Comme quoi le mythe du changement de climat et l’idéologie verte, encore une fois, nuisent à l’économie et aux peuples d’Europe au profit des pays émergeants, ici la Chine.

 

Pauline Mille