Une manifestation d’hologrammes pour dénoncer la nouvelle loi liberticide en Espagne

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Le 12 avril dernier, des opposants ont organisé en Espagne la première « manifestation virtuelle » au monde, en projetant un hologramme représentant des centaines de personnes marchant, chantant et agitant des pancartes devant l’Assemblée Nationale. La manifestation futuriste voulait dénoncer la perte inquiétante de liberté qui résulte de décisions politiques en Espagne : dans moins de trois mois, la plupart des manifestations deviendront illégales dans ce pays, conséquence de la série de mesures draconiennes prises dans le cadre de la loi fondamentale pour la protection de la sécurité publique, gravement liberticide.
 

En réponse à l’instabilité économique et à la menace terroriste, une loi liberticide en Espagne

 
Proposée par le parti Populaire en réponse à l’instabilité économique et à la menace terroriste, l’équivalent espagnol du Patriot Act américain est plus liberticide encore que les mesures anti-terroristes adoptées par les Etats-Unis. Si la loi est appliquée, il sera en particulier interdit de se rassembler devant des bâtiments gouvernementaux sans autorisation préalable du gouvernement, sous peine d’amende de 60.000 euros.
 
Il sera également illégal de filmer ou photographier des policiers, et impossible donc de rendre compte des abus policiers (dont la police nationale espagnole, quasi militaire, est pourtant coutumière, selon les organisateurs de la manifestation virtuelle), sous peine d’amende de 30.000 euros. Les gazages subis lors de la Manif pour tous nous rappellent que la dérive totalitaire des forces de police est une réalité.
 
Le « non respect » à l’égard des policiers sera également pénalisé, quelle que soit la situation, et punie d’une amende pouvant atteindre 600 euros.
 
Pire encore, le traitement des amendes précitées sera assuré non plus par les tribunaux espagnols, mais par des agences gouvernementales, afin de garantir le respect des versions données par les forces de l’ordre.
 

Des hologrammes pour dénoncer la loi liberticide, qui prévoit d’interdire les manifestations

 
En plus de ces décisions, de nombreux autres changements du code pénal espagnol sont prévus, notamment dans la reconnaissance des différents crimes avec l’introduction des fameux « crimes de pensée » orwelliens, puisque les déclarations sur les réseaux sociaux qui pourraient être « perçues » comme de l’incitation à la violence ou à la haine pourront également être punies.
 
C’est la raison pour laquelle de nombreuses associations de défense des Droits de l’Homme se sont ouvertement et publiquement opposées à cette nouvelle loi liberticide, par le biais d’un communiqué dans lequel elles dénoncent « un triste jour pour la démocratie » et font part de leurs « vives préoccupations devant les restrictions croissantes des libertés d’expression et de réunion pacifique en Espagne ».
 
Il ne restera plus que les hologrammes pour manifester leur opposition, suggère leur manifestation virtuelle : ils les ont donc projetés sur le Parlement. Jusqu’à ce que les hologrammes eux-mêmes soient interdits ?
 

Béatrice Romée