Peu de soutien pour Obama sur l’accord transpacifique en raison d’un processus trop secret

Peu de soutien pour Obama sur l’accord transpacifique en raison d’un processus trop secret
 
En choisissant un processus trop secret pour faire adopter son accord transpacifique, Obama est en train de s’aliéner le soutien qu’il pouvait espérer. Erreur tactique ?
 
Qui veut connaître les détails de l’accord transpacifique que l’administration Obama espère signer doit être membre du Congrès et se rendre dans les réunions organisées dans le plus grand secret, en laissant mallette, téléphone et autre matériel d’enregistrement à la porte.
 
Le membre du Congrès qui voudrait lire le texte n’a pas d’autre option que d’aller dans une pièce spéciale au sous-sol du Capitol Visitor Center. Et encore : il ne pourra consulter qu’une section du texte de cet accord transpacifique à la fois, il sera surveillé pendant sa lecture et toute note prise devra être remise avant de sortir.
 
Et quoi qu’il arrive, il aura l’interdiction absolue de parler de ce qu’il a lu. Top secret.
 
« C’est comme au jardin d’enfants » a résumé la républicaine Rosa DeLauro, devenue le chef de file de l’opposition au président Obama sur ce traité transpacifique : « Il faut rendre les jouets à la fin. »
 

Le secret gardé autour de l’accord transpacifique d’Obama est le principal argument des opposants

 
Pour ceux qui espèrent briser les ambitions d’Obama sur cet accord de libre-échange transpacifique avec les pays asiatiques, le manque d’informations données au public est devenu l’argument principal : la Maison Blanche ne dit même pas au Congrès de quoi il s’agit, ou ce qu’elle a déjà promis à des gouvernements étrangers… Les opposants dénoncent un accord secret.
 
De leur côté, les officiels de la Maison Blanche assurent qu’ils ont donné toutes les informations possibles et que ces plaintes sur la transparence de l’accord sont une excuse pour des gens qui n’auraient de toute façon jamais voté un nouvel accord de libre-échange… Ils reconnaissent cependant une grande prudence et une certaine discrétion sur la question, nécessaires selon eux à la signature du « meilleur accord possible » pour les Américains.
 
La défense de l’administration Obama est rodée : si les accords étaient rendus publics, certains pays en changeraient les termes, apprenant ce que d’autres ont réussi à négocier avec les Etats-Unis.
 

Même des Démocrates retardent leur soutien en raison du processus trop secret

 
L’opposition n’en croit rien. La « discrétion » pour eux, n’est qu’une manière de maquiller la dissimulation. C’est le cas du Démocrate Lloyd Doggett qui précise : « Mon chef de cabinet possède une habilitation de sécurité ultra-secrète, et il peut en apprendre plus sur l’Etat islamique ou le Yemen que sur cet accord de libre-échange ! »
 
Le camp démocrate reste divisé sur la question, faute d’en savoir assez pour la plupart. Nancy Pelosi, chef de file des démocrates au Congrès elle-même ne s’est pas encore prononcée.
 
De son côté, Obama tente de s’engager personnellement pour convaincre avant de présenter son projet au Congrès. Il organisait jeudi dernier une rencontre à la Maison Blanche avec les membres de la coalition des nouveaux Démocrates, qui lui sont généralement favorables, mais impatients d’en savoir plus sur cet accord…
 
Le Républicain Keith Ellison résume ainsi la situation : « Peut-être existe-t-il une définition du secret qu’il connaît et que je ne connais pas. » Barack Obama venait de réaffirmer, en présence du Premier ministre japonais, que l’accord n’était pas totalement secret.
 
La négociation, secrète, du traité transatlantique, ne suscite pas les mêmes remous dans notre démocratie apaisée…
 

Béatrice Romée