C’est une nouvelle course à l’armement nucléaire qui se fait jour à la faveur du rapprochement en cours entre les Etats-Unis et l’Iran, sous la houlette de Barack Obama : les pays du Golfe ne cachent pas leur irritation et la rencontre du président américain avec leurs représentants, jeudi, semblait compromise par leur mauvais volonté. Dès lundi, sur les 6 pays invités, 4 promettaient de n’envoyer que des représentants de second rang pour discuter des accords sur le programme nucléaire iranien. Il faut dire que l’équilibre de la région est profondément bouleversé par la nouvelle diplomatie américaine, en rupture avec des décennies de soutien inconditionnel à Israël et d’alliances avec les nations à dominante sunnite.
Obama a malgré tout tenté, jeudi, de rassurer les six pays arabes du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Koweït, Qatar, Oman), après l’accord-cadre conclu à marche forcée entre les grandes puissances et l’Iran sur le programme nucléaire très controversé de Téhéran.
C’est dans la résidence présidentielle de Camp David que les participants ont discuté du nucléaire iranien, source de tensions entre ces alliés de longue date. Barack Obama a tenu à rappeler « l’engagement inébranlable » des Etats-Unis pour « la sécurité » de ses » partenaires du Golfe ».
Le nouveau roi saoudien ne participe pas à la rencontre, les pays du Golfe opposés à tout accord entre Obama et l’Iran
L’absence du nouveau roi saoudien, Salman ben Abdelaziz Al-Saoud, avait été annoncée dès le 10 mai, au motif du refus américain de proposer un accord de défense plus formel souhaité par les pays arabes. Obama n’a pas changé sa position à ce sujet.
Au bout du compte, cette rencontre n’a rien produit de très original : les mesures « concrètes » annoncées par le président américain lors de la conférence de presse sont conformes à ce qui était attendu. Les Etats-Unis et leurs alliés se sont engagés à améliorer leur coopération en matière de sécurité, notamment le contrôle des transferts des armes comme celles que l’Iran est accusé de fournir à la milice houthiste du Yémen, la lutte contre le terrorisme, la sécurité maritime, la lutte contre le blanchiment d’argent et contre les cyberattaques et le développement de la défense antimissiles balistiques.
Alors que Riyad n’exclut pas de viser une parité stratégique avec Téhéran sur le nucléaire, Obama a estimé que les Etats-Unis avaient apporté assez d’éléments convaincants pour que les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) acceptent un accord final sur ce dossier pour le cas où les discussions techniques en cours permettraient d’aboutir à un texte.
L’Arabie Saoudite promet une course à l’armement nucléaire si l’accord sur le programme nucléaire iranien
Il a ajouté que le but de la réunion ne visait pas une nouvelle forme d’endiguement de l’Iran. L’objectif n’est pas de » perpétuer une confrontation au long cours avec l’Iran ni même de marginaliser l’Iran » a rappelé le président américain, insistant également pour que l’Iran apporte la preuve de sa volonté d’établir » des relations de bon voisinage » avec les pays de la rive occidentale du Golfe, notamment en respectant « leur intégrité territoriale ».
Obama n’a donc pas promis de revenir sur ce rapprochement largement entamé avec l’Iran, allié russe de longue date, quitte à s’éloigner de ses partenaires arabes et à relancer la course à l’armement nucléaire dans la région : le risque est assumé, pleinement.
Quelques jours plus tôt, en visite en Corée du Sud, le responsable des renseignements saoudiens, le prince Turki bin Faisal, avait en effet lancé à propos des armes nucléaires : « Peu importe ce que les Iraniens auront, nous l’aurons également. ».
La rencontre organisée visait sans doute plus à convaincre le Congrès que les pays arabes, dont l’acquiescement est impossible à envisager sur la question.