Nos femmes reste fondamentalement du théâtre filmé, la transposition d’une pièce à succès récente. Trois hommes, amis depuis plus de trois décennies, doivent passer une soirée ensemble, comme à leur habitude. Or l’un d’eux, arrivé très en retard, annonce aux autres avoir tué sa femme. Cette dernière n’était guère sympathique, totalement inintéressante et d’une infidélité aussi pesante qu’évidente…Mais ceci ne saurait justifier un meurtre. Il y a là, au cœur de la pièce, un enjeu moral, qui n’est pas sans intérêt : faut-il dénoncer un vieil ami, se taire, ou suivre la pente de l’amitié jusqu’à une complicité plus ou moins active ? Le spectateur peut, dans une large mesure, suivre attentivement les répliques au cœur de ce débat. Malheureusement la conclusion, que l’on ne révèlera pas, se montre assez décevante et donne la fâcheuse impression d’une montagne accouchant d’une souris.
Nos femmes, reflet de la vulgarité de l’époque
Nos femmes souffre hélas de la pauvreté du vocabulaire du théâtre contemporain qui, à vouloir atteindre le vrai, ne rencontre que le vulgaire…Les expressions peu élégantes ponctuent les répliques et agacent dans leur répétition systématique. Devons-nous préférer « Péripatéticienne, ce que tu es purgatif » à l’original ? …De même, une danse sur de la « musique » rap combine vulgarité encore et obscénité, en lien avec les paroles, et ne relève pas le spectacle… On reconnaîtra par contre la qualité de l‘interprétation des trois grands acteurs réunis pour l’occasion, Daniel Auteuil, Thierry Lhermitte et Richard Berry, qui sauvent le film. Il y a un véritable travail de décor, dans un appartement à la fois somptueux avec vue sur la Tour Eiffel, et froid et impersonnel, reflet du caractère du propriétaire. Les femmes s’avèrent seulement fort absentes, contrairement à ce que le titre pouvait laisser penser.
Enfin la morale, en tenant compte du flou général de notre époque, n’est pas mauvaise : on ne doit pas frapper, ni a fortiori tuer, sa femme et la vie de couple doit être fondée sur le dialogue, les concessions mutuelles et le pardon parfois, sous peine d’échec fatal.