L’Europe ne bruisse plus que du Premier ministre britannique, David Cameron, et du referendum qu’il doit organiser, et qui pourrait conduire au très redouté « Brexit ». Ainsi, cinq quotidiens européens – le français Le Monde, l’allemand Süddeutsche Zeitung, le britannique The Guardian, l’espagnol El Pais, le polonais Gazeta Wyborcza, et l’italien La Stampa – s’essaient-ils à l’analyse de ce phénomène possible, et de ses répercussions sur l’état de l’Union européenne.
C’est vraisemblablement à Berlin que la question se pose avec le plus d’acuité. Sans doute parce qu’Angela Merkel mène désormais l’Europe au gré de la réflexion politique allemande, même si Bruxelles s’en défend. Ce n’est pas pour rien si le magazine américain Forbes vient de l’élire, pour la dixième année, femme la plus puissante du monde…
Le chancelier allemand a une vision très pragmatique du dossier britannique. Pour une raison très simple : face à la perte de vitesse de la France au sein de l’Europe, Angela Merkel estime que l’axe de l’Europe ne repose plus sur un moteur franco-allemand, mais passe essentiellement par Berlin et Londres.
La remise en cause de l’Europe par un possible « Brexit »
Aussi, face au défi du referendum britannique promis pour 2017, a-t-elle décidé de temporiser. Prendre David Cameron bille en tête – on l’a vu avec la maladroite répartie de François Hollande – ne peut que braquer davantage le Premier ministre britannique sur une posture qui ne lui est d’ailleurs ni naturelle, ni personnelle, celle du « Brexit ».
Aussi envoie-t-elle un message très simple, et très clair, à son homonyme britannique. En dehors de l’Union européenne, le Royaume-Uni perdra beaucoup de son poids.
Un message qui n’est pas sans double sens, puisque, pour Berlin, sans le Royaume-Uni, l’Europe pourrait perdre son équilibre politique, et peut-être son équilibre tout court – celui, en tout cas, souhaité par Berlin. Aussi Angela Merkel ne perd-elle jamais une occasion de jouer la corde de l’unité, évoquant volontiers la façon dont, tous, « Allemands, Britanniques, Français ou Polonais (…) pouvons affirmer dans le monde nos valeurs et nos intérêts ».
Angela Merkel temporise
Angela Merkel sait que, fondamentalement, David Cameron est un européen convaincu. Mais c’est également un Britannique convaincu, dont l’opinion publique souffre de devoir passer toujours plus bas sous les fourches caudines de Bruxelles. Aussi estime-t-elle nécessaire, surtout à l’heure où l’euroscepticisme semble se développer à l’autre bout de l’Europe, d’établir une base de compromis absolument essentiel pour la sauvegarde de l’Union.
En clair, il convient d’accorder au Premier ministre britannique quelques miettes de ses revendications, suffisamment substantielles pour que le Royaume-Uni n’ait pas le sentiment qu’on se joue de lui ; et suffisamment parcellaires pour que Bruxelles ne les trouve pas indigestes. C’est, ici comme ailleurs, la stratégie de la caste mondialiste qui gouverne la planète : l’unification politique du monde ayant été décidée et menée d’une main de fer, elle doit contourner progressivement les oppositions populaires.
Il convient donc, dans cette optique, de ne pas heurter certains nationalismes chatouilleux, en prétendant qu’il n’y aurait plus, au sein de l’Union, que des citoyens européens. Conserver un vernis, un discours, tout en le vidant de sa substance. Cela pourrait suffire à dissoudre le danger du referendum britannique, et de ceux qui pourraient éventuellement suivre son exemple.
Faute de quoi, si, en heurtant Londres frontalement, on laissait la maille britannique se défaire, l’ensemble du tricot européen risquerait de suivre…