My Old Lady est avant tout présenté comme une comédie sur le viager. Acheter un bien à son propriétaire, tout en lui en laissant l’usage jusqu’à sa mort, voire en lui versant une pension, étonne considérablement le public américain. Il y a donc là, pour lui, une nouveauté, contrairement au public français qui a déjà eu l’occasion de voir de nombreuses comédies sur ce thème, dont Le Viager (1972). Outre-Atlantique, ce mécanisme du viager reposant sur un pari morbide paraît tordu. Dans ce nouveau film, un Américain sans argent hérite pour tout bien de son père un appartement à Paris, qu’il compte revendre très vite pour rétablir ses finances. Or, il ne le peut pas, ou pas immédiatement, parce qu’il est en viager, l’héritier découvrant tout à la fois ce statut et ses contraintes.
My Old Lady : un film manqué
Le début du film peut faire sourire. Il laisse deviner la fin, ce qui n’est pas forcément une bonne chose en soi, à savoir un apprivoisement réciproque avec la vieille dame qui l’habite, et la création d’une relation avec sa fille, d’abord hostile. Le problème réside dans l’immense tunnel dramatique entre ce début et la fin. L’héritier hait son père, sentiment détestable, même s’il est motivé. Un dépressif alcoolique, qui ne veut pas s’en sortir, n’a guère sa place dans une comédie. Sauf à devenir un drame, pénible pour le spectateur. Quant à la Old Lady, que le spectateur découvre vieille dame indigne, du moins dans sa vie passée ; voilà encore un cliché qui ne surprend ni n’intéresse plus. Les thèmes du suicide, de l’inceste, sont avancés sans finesse. Au moins l’adultère, destructeur de la famille, n’est-il pas glorifié.
Certes, une vision parfois poétique de Paris et de ses rues peut éveiller quelque intérêt. Les Français paraissent bizarres, bien qu’attachants, devant le regard de l’Américain assumé. Quelques rares passages peuvent paraître amusants, tel le cours d’anglais proposé par la Old Lady à des clients français. Mais ces quelques points positifs ne sauvent pas ce film manqué. Même la conclusion heureuse paraît des plus artificielles.