A quelques heures, désormais, du vote par la Chambre des représentants des Etats-Unis sur la mesure qui doit permettre à Obama de court-circuiter les droits des représentants américains afin de négocier secrètement et en bloc plusieurs traités en cours (TPA, connu sous le nom de « Fast Track »), Wikileaks vient de révéler un nouveau chapitre du partenariat transpacifique qui doit généraliser le libre-échange entre les Etats-Unis et 11 pays riverains du Pacifique : celui de la santé. Le traité transpacifique (TPP) aborde le chapitre sous un intitulé cynique qui évoque la « transparence » et « l’équité procédurale » en matière de produits pharmaceutiques et de dispositifs médicaux.
Le libre-échange dans le domaine de la santé profitera aux grands laboratoires
En réalité, observe le site ZeroHedge, cette pseudo-transparence et cette libéralisation serviront aux très gros laboratoires, les « Big Pharma » ainsi que les appellent leurs détracteurs :
« Il n’est un secret pour personne que les grosses compagnies américaines du domaine de la santé sont aux nombre des plus gros – si ce n’est les plus gros – bénéficiaires de l’Obamacare. En « socialisant » les coûts et en étalant le poids des remboursements sur l’ensemble de la population sous la forme d’une taxe, les compagnies pharmaceutiques ont réussi à faire gonfler le prix des produits médicaux et des soins à des niveaux inédits, avec la complicité de compagnies d’assurance qui ont fait ensuite porter ces coûts par le consommateur, en même temps que les actions des sociétés de biotechnologie et de pharmaceutique ont atteint des niveaux qu’on n’avait plus vus depuis la bulle “point com”. »
Les grands laboratoires et fournisseurs de soins seraient en passe de refaire le même coup : une gigantesque entente assise sur une population encore plus étendue ?
Le Traité transpacifique (TPP) sous le coup d’œil critique de Wikileaks
Une chose est sûre, s’il faut en croire le New York Times qui a analysé le nouveau chapitre TPP sur la santé : ce sont les laboratoires pharmaceutiques et leurs associations professionnelles qui ont soumis le plus de documents relatifs à des procédures de lobbying dans le cadre des négociations secrètes sur le Traité transpacifique : plus que n’importe quelle autre industrie, dans le contexte général de leur place de champions en matière de dépenses de lobbying aux Etats-Unis. Un lobbying qui vise à poser des limités aux restrictions dont les services de santé publique assortissent les taux de remboursement pour les produits pharmaceutiques et médicaments, et qui semble réussi : les autorités sanitaires se verraient imposer des contraintes de délai et de transparence pour permettre aux industries du médicament d’avoir prise sur le processus.
Sous le régime du traité, les grands laboratoires pourraient porter plainte contre les Etats à propos de leur politique sanitaire devant des tribunaux internationaux par l’« Investor-state dispute settlement mechanism ».
Cela signe une nouvelle soumission à des autorités judiciaires mondialistes qui pourront « harmoniser » les pratiques, nonobstant les lois et même les constitutions nationales, avec les réglementations et les normes globales.
Anne Dolhein