Tadawul : l’Arabie Saoudite ouvre sa bourse aux capitaux étrangers

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Chute des prix du pétrole oblige, l’Arabie Saoudite vient d’ouvrir sa bourse – le Tadawul – aux capitaux étrangers afin de diversifier son économie. C’est un pas de plus vers l’intégration économique mondiale, et plus précisément de l’intégration de la finance islamique dans le système général, même si nombre de restrictions visent à préserver les intérêts nationaux saoudiens dans cette ouverture cauteleuse. Il s’agit d’attirer des capitaux étrangers vers un marché attractif, secoué par l’importance de sa dépendance par rapport à la manne pétrolière, mais tout en ménageant des mécanismes de contrôle.
 
L’Arabie saoudite, principale alliée des Etats-Unis au Proche-Orient, se trouve dans une période de changement déclenchée par le décès du roi Abdullah il y a quelques mois. Quelle en est la profondeur ? Ce n’est pas l’islam théocratique qui est rejeté : l’Arabie demeure gouvernée par la charia et les chrétiens n’y ont toujours pas de liberté : on n’y verra donc rien de plus qu’une manœuvre économique.
 

Le Tadawul, la bourse d’Arabie Saoudite, en hausse de 16% depuis le début de l’année

 
Le Tadawul « vaut » 550 milliards de dollars aujourd’hui. Si le jour d’ouverture aux capitaux étrangers a été marqué par une légère chute (- 0,5% ce mardi matin pour les actions saoudiennes qui composent l’index), c’est une Bourse dont la valeur globale a progressé de plus de 16% depuis le début de l’année. A titre de comparaison, le FTSE 100 n’a gagné que 2,7% sur la même période.
 
Le Tadawul est composé de 170 sociétés bancaires, pétrolières, de transports et d’immobilier principalement.
 
Afin d’éviter un afflux de capitaux spéculatifs trop brutal, l’autorité de régulation de la bourse saoudienne a décidé de restreindre l’accès à des investisseurs « qualifiés » gérant au moins 5 milliards de dollars et pouvant afficher un parcours d’investissement d’au moins cinq ans.
 

Les capitaux étrangers sévèrement contrôlés … pour le moment

 
Les investisseurs étrangers verront leurs prises de participation dans des sociétés saoudiennes sévèrement limitées et contrôlées : pour une société donnée, la participation maximale d’un holding étranger individuel est limitée à 5% et le taux maximal de participation étrangère dans une société saoudienne est limité à 20% : moyen d’assurer la souveraineté et la préférence nationale. Il n’est pas question de laisser les investisseurs prendre le contrôle.
 
Six grosses compagnies restent inaccessibles aux investisseurs étrangers : plusieurs sociétés immobilières, la National Shipping Company et Knowledge Economic City.
 
L’objectif à moyen terme est de voir de nouveaux investissements affluer dans l’économie saoudienne en général, y compris les secteurs de la santé ou du commerce de détail : on s’oriente donc vers un nouvel assouplissement des règles dans le marché le plus « liquide » du Proche Orient et de l’Afrique du Nord, où malgré les réticences islamiques par rapport à la spéculation il s’échange 2 milliards de dollars par jour.
 
Il faut dire que la finance islamique n’hésite pas à trouver des accommodements.
 

Anne Dolhein